Depuis le 4 et jusqu'au 10 novembre prochain, le cinéma Quad, à New York, abrite la première édition du festival annuel Cinéma East Film. Le festival comprend des sorties récentes, des premières à New York et aux Etats-Unis et des travaux de réalisateurs débutants, sélectionnés par un comité international composé de réalisateurs et de critiques cinématographiques reconnus. Un accent particulier sera mis sur de grands films exceptionnels, qui ne sont pas encore distribués ni projetés aux Etats-Unis. Depuis 2003, Arte East cherche à promouvoir et faire connaître les divers arts et cultures du Moyen-Orient aux Etats-Unis, en présentant et en soutenant la production d'oeuvres artistiques. Arte East est la première organisation du genre qui est près de clore avec succès sa quatrième saison au ciné-club Cantor à l'université de New York (NYU). L'Algérie figure aussi au programme du Cinema East Film avec une seule participation de long métrage. On citera Les suspects de Kamel Dehane, adapté du livre Les vigiles de Tahar Djaout, et avec comme acteurs principaux Nadia Kaci et Sid Ali Kouiret. L'histoire d'un double traumatisme ou comment sortir de l'ombre pour aller vers la lumière, après la folie terroriste. Le festival comporte aussi un programme spécial de courts métrages (fiction et non-fiction). Trois Algériens figurent sur la liste. Oranges de Yahia Mouzahem (2003), humeurs, etc. de Mohamed Latrèche (2003) ainsi que Cessez-le-feu d'Ahmed Azir. Le premier raconte l'absurdité de deux hommes qui se battent. La bagarre débute dans un marché coloré débordant de fruits et de légumes. Elle se poursuit dans des décors de plus en plus austères et dépouillés. La bagarre se poursuit et l'état physique de ces deux hommes se dégrade à vue d'oeil. Tout ça pour une malheureuse orange! Pour rappel, Yahia Mouzahem avait pris part cet été aux portes ouvertes du Festival international du film de Locarno (3-13 août 2005). Rumeurs, etc., quant à lui, a été sélectionné en compétition officielle pour le Léopard de demain au même festival. Ce court métrage de 21 minutes raconte l'histoire de Bachir qui, quelque part en Algérie, faute de visa, passe son temps à attendre. Rien de précis. C'est l'oisiveté. L'attente n'est ici que prétexte pour meubler une vie un peu trop vide. Alors, pour peupler l'ennui, tromper le silence, il y a l'oiseau qui nourrit la rumeur qu'on poursuit, prétextes dérisoires à rencontrer l'autre, les autres, à encore appartenir au monde ou s'en donner l'illusion. Sid Ahmed Benaïssa campe le rôle de Chérif qui nous promène dans le Bel Abbès ensoleillé d'aujourd'hui. D'une rumeur, le personnage principal en fait le moteur de son existence, l'objet de ses occupations. Notre week-end va-t-il se calquer sur le modèle occidental ? C'est cette version-là du synopsis qui a été retenue par le jury du festival de Gindou, rappelle-t-on. Un festival qui, dans le cadre de l'Année de l'Algérie en France, avait lancé en 2003 l'opération 5 courts pour l'Algérie. Une aubaine pour Mohamed Latrèche qui avait bénéficié du soutien du CNC dans le cadre d'un atelier d'écriture et de réalisation de courts métrages pour les jeunes auteurs-réalisateurs algériens. Cessez-le-feu d'Ahmed Zir a été, pour sa part, réalisé grâce au Commissariat algérien de l'Année de l'Algérie en France, suite à un concours lancé pour des candidatures de scénarios. Le jury avait retenu quatre auteurs algériens, dont le projet s'est vu concrétiser. Côté documentaire, l'honneur est revenu au réalisateur «tourmenté» Jean-Pierre Lledo d'exorciser les démons du passé colonial en présentant son film-miroir Algéries mes fantômes.