Little Sénégal, le dernier film du cinéaste algérien, vivant en France, Rachid Bouchareb, sera projeté, jeudi après-midi, à la Cinémathèque. De cet enfant prodige, les cinéphiles algériens n'ont pu découvrir qu'une seule de ses réalisations, à savoir L'honneur de ma famille (1997 )lors d'une inespérée diffusion à travers les circuits de la Cinémathèque algérienne en avril dernier, soit trois ans après sa sortie en Europe. Demain, ce sera le lancement à partir de la Cinémathèque d'Oran de son très controversé, mais non moins salué Little Sénégal qui retrace le parcours d'un Sénégalais à la recherche des descendants de ces ancêtres déportés aux Etats-Unis, il y a des siècles, pour être réduits à l'esclavage. Tourné entre mars et mai 2000, au Sénégal, en Caroline du Sud et à New York, le film revient sur l'itinéraire des esclaves de l'île de Gorée (Sénégal) aux plantations de la Caroline du Sud et met la lumière sur la situation des Africains récemment immigrés, souvent clandestinement, à New York où ils subissent le racisme et le mépris des Blancs, mais aussi de la communauté noire d'Amérique. Et c'est justement là que le bât blesse. Très mécontents de cette évocation, les Noirs américains de New York reprochent au réalisateur, remarque le critique de cinéma Abdelhakim Meziani, d'entretenir des ambiguïtés manifestes s'agissant de leurs relations avec les Africains fraîchement débarqués aux Etats-Unis. Ce constat est d'autant plus renforcé par le refus du directeur du Festival du cinéma africain de New York de réceptionner le prix qui a été décerné à ce film lors du Festival du cinéma africain qui s'est déroulé à Milan, capital économique italienne, en mars dernier. Hormis ces reproches, Little Sénégal de Bouchareb a forcé l'admiration par l'originalité de sa thématique et le courage qu'il a démontré dans le traitement, jamais abordé auparavant, de cet aspect de la vie sociale des Noirs d'Amérique. Primé à Berlin, Cannes, Locarno, Namur et Gand, pour son film Cheb (1991), et encore à Montréal, Telluride, Fort Lauderdal, pour Poussières de vie (1994), Rachid Bouchareb peut, aussi, se targuer de sa nomination en 1995 pour l'Oscar du meilleur film étranger.