«J'ai sillonné le monde entier pour parler de mes romans sauf en Algérie», dixit Yasmina Khadra. Nina Bouraoui, Renaudot 2005, l'un des prix littéraires les plus prestigieux en France. Assia Djebbar, femme de lettres de talent et première personnalité maghrébine à être admise parmi les 40 immortels de l'Académie française. Yasmina Khadra, nominée au Goncourt 2005 pour L'Attentat. Boualem Sensal fait, lui, les manchettes des magazines littéraires avec Harraga... qui dit mieux? c'est, en effet, la crème de la littérature algérienne d'expression française. Ils sont partout. Là où vous irez. Jamais auparavant ces écrivains algériens ou français d'origine algérienne comme c'est le cas de Nina, n'ont eu ainsi pignon sur la scène éditoriale française. C'était alors de la rentrée littéraire, en septembre dernier, où, à la fois ravis et étonnés, l'on découvre ces noms sur les grands podiums littéraires talonnant de près les Houellebecque, des Weyergans et bien d'autres romanciers de renom. Les médias français (Télévision, radio, presse, Internet), bien évidemment, n'ont pas attendu longtemps pour lancer les feux sur ces invités surprise. Nous les retrouvons régulièrement à livrer les petits secrets de leurs produits sur les plateaux de télé, sur les ondes des radios ou dans les larges pages qui leur sont consacrées par les titres à gros tirage dont Le Monde. Ils se sont, ainsi, vu portés et de quelle manière! sur les devants de la scène littéraire avec tous les égards qu'appelle cette fulgurante ascension. C'est, en fait, une juste considération et un hommage mérité pour les efforts qu'ils ont dû consentir pour faire entendre la voix d'une Algérie qui ne manque ni d'esprit créatif ni de jeunes talents. Dans leur propre pays, l'Algérie, ces têtes d'affiche passent, en revanche, pour des illustres inconnus ou, pire, pour des personnes indésirables auxquelles les pouvoirs publics affichent tantôt mépris tantôt indifférence. Ce n'est pas pour autant une première dans les annales de l'Algérie. Nombreux, dans le passé, ont été les femmes et les hommes de lettres à faire les frais de l'absurdité mais surtout de l'inculture des responsables qui sont passés à la tête des institutions culturelles. Citons, pour le parfait exemple, Kateb Yacine. A l'exception donc de certains titres de presse qui osent encore faire de la résistance, le reste, c'est-à-dire, les médias lourds (télévision et radio) vouent à ces derniers un mépris quasi maladif. Les organismes publics chargés de la promotion culturelle brillent, eux, par un laxisme déroutant et ne semblent pas, à ce jour, prompts à sortir de leur léthargie. «J'ai sillonné le monde entier pour parler de mes romans sauf en Algérie. On ne m'a jamais invité», se désolait récemment l‘«incognito» Yasmina Khadra dont le dernier-né L'Attentat parcourt la planète. No comment!