Il n'y Aucune coordination entre les alliés stratégiques. Les travaux de l'Assemblée populaire nationale (APN) reprennent en séance plénière aujourd'hui avec à l'ordre du jour l'examen du projet de loi de finances et du budget 2006. Mourad Medelci ouvrira ainsi le bal en présentant son avant-projet, qui a suscité beaucoup de réactions avant même l'ouverture des débats. Mais, avant cette date, les partis ont réuni, hier, leurs groupes parlementaires afin de coordonner leur stratégie d'intervention. L'événement, certes économique, sera saisi par les différentes tendances politiques représentées à la chambre basse, pour remettre sur le tapis «les positions de principe sur le plan social». Les débats s'annoncent très houleux. Au niveau du Front de libération nationale (FLN), on parle «d'une loi plus souple et moins restrictive que celle de l'année précédente». Le chef du groupe parlementaire de ce parti a laissé apparaître une satisfaction assez mesurée aux propositions contenues dans cette loi. «On remarquera qu'il y a moins de taxes et plus d'ouverture sur les libertés générales au profit des citoyens», précise M.Daâdoua. Est-ce pour autant dire que le FLN s'aligne sur les orientations et les choix économiques du gouvernement Ouyahia? La réponse de notre interlocuteur est sans équivoque, elle renseigne amplement sur la tension qui règne entre les deux partis, depuis quelque temps. Daâdoua qui défend le programme de soutien à la relance économique du président de la République, estime que «le pays a plus que jamais besoin d' hommes capables de gérer cette embellie financière générée par les hausses spectaculaires du prix du pétrole». Il s'agira, en d'autres termes, d'arriver à instaurer une bonne gouvernance dans la gestion des fonds publics. Par ailleurs, le chef du groupe parlementaire du FLN nie toute coordination avec ses alliés stratégiques, le MSP et le RND, à la veille de l'ouverture des débats sur la loi de finances. «Nous n'avons aucune coordination avec le RND et le MSP sur ce sujet, et personnellement je ne vois pas son utilité.» Ce qui caractérise le FLN, toujours selon ce dernier «c'est que notre soutien indéfectible au président de la République ne fera jamais de nous, contrairement à d'autres, une formation en quête de portefeuilles ministériels. Mais nous puisons notre combat des préoccupations et des souffrances de notre peuple». Pas de coordination donc pour les partis de l'alliance, c'est ce que nous a confirmé M. Abdelhak Boumechra, président du groupe parlementaire du Mouvement de la société pour la paix (MSP). Le parti de Boudjerra Soltani va saisir la présence de M.Medelci pour l'interpeller sur le scandale financier au sein de la Banque nationale d'Algérie. Parmi les critiques retenues par le groupe parlementaire du MSP, le maintien pour la cinquième année consécutive d'un prix référentiel du baril du pétrole à 19 dollars. «Pour le moment nous n'avions eu aucune explication raisonnable de la part du ministre». C'est le cas aussi, ajoute-t-il, de la cession de gré à gré du patrimoine industriel, de la majoration des prix de la vignette auto pour les véhicules diesel. «Le gouvernement doit savoir que ce type d'augmentation aura des retombées directes sur les prix de certains services, comme celui du transport.» La formation de Boudjerra Soltani garde ses distances avec le gouvernement, et se montre plus sévère que le FLN, en estimant que «le seul point positif dans la loi de finances a trait à l'augmentation du budget d'équipement par rapport à celui de fonctionnement». Contacté par nos soins le chef du groupe parlementaire du Rassemblement national démocratique évoque paradoxalement «une concertation avec les autres partis de l'Alliance à l'occasion des débats sur la loi de finances». Comment expliquer dans ce cas précis, les réactions du FLN et du MSP? «C'est à eux qu'il faut poser la question, pour le RND la coordination a toujours existé, preuve en est, les chefs des trois groupes parlementaires ont tenu une réunion avec Medelci au courant du mois de Ramadan.» Nous apprenons que cette réunion a eu lieu à la demande du ministre. Le gouvernement cherche-t-il à créer l'unanimité autour de son projet à l'APN? Plus que l'Alliance, l'opposition aura certainement son mot à dire durant ces jours. Affaibli par la crise interne qui secoue son parti depuis quelque temps, El Islah ne baisse pas les bras et compte marquer ces débats. Selon M.Lakhdar Benkhelaf, secrétaire national chargé de l'organique, les députés vont axer principalement leurs interventions sur l'augmentation des salaires. «Le projet de loi ne prévoit aucune amélioration palpable au profit des citoyens, mais pire encore accorde l'exclusivité des avantages aux entrepreneurs et hommes d'affaires». Le parti de Djaballah, du moins les députés acquis à ce dernier vont remettre l'article sur l'interdiction des boissons alcoolisées sur le tapis, en dépit d'un net recul affiché par les autres formations. Sans aucune surprise, le Parti des travailleurs stigmatisera le bradage des richesses nationales, en rejetant bec et ongles, la cession de gré à gré du patrimoine industriel, du domaine forestier, ainsi que les augmentations prévues sur les prix de la vignette auto.