Le football algérien est appelé à vivre des heures sombres si la FAF venait à appliquer le nouveau décret sur les fédérations sportives. Il est, maintenant, admis que la Fifa n'acceptera pas de bureau fédéral et de président de la FAF issus d'un vote d'une assemblée générale réunie selon des dispositions statutaires mises en conformité avec le nouveau décret exécutif sur les fédérations sportives. Le président de l'instance internationale, M.Joseph Blatter a, en ce sens, informé la commission des associations laquelle commission a souligné lors de sa réunion du 27 octobre, qu'elle suivait attentivement les développements du dossier Algérie où elle remarquait «un nouveau cas d'ingérence gouvernementale». Cela veut dire que la prochaine assemblée générale élective de la FAF se tiendra selon les statuts actuels qui prévoient que dans cette assemblée générale il y ait dix (10) experts désignés, pour la durée du nouveau mandat, par le ministre chargé des Sports. Les deux points qui posent problème dans le nouveau décret exécutif sur les fédérations sportives, à savoir la limitation à un seul mandat pour les futurs élus et la désignation de 30% des membres de l'AG par le ministre chargé des Sports, n'ont, donc, pas droit de cité. Même pour les dix experts que reconnaissent les statuts actuels, il y a matière à débat. La FAF aurait dû, depuis le congrès de la Fifa à Doha en 2003, procéder à la révision de ses statuts et abroger la disposition qui donne au ministre chargé des Sports la latitude de désigner 10 experts. En effet, les statuts de l'instance internationale indiquent en leur article 17 que, si désignation il y a, elle ne peut se faire que par l'assemblée générale elle-même. L'actuel bureau fédéral s'est gardé d'amender en ce sens les statuts de la FAF pour éviter tout malentendu qui tendrait à faire croire qu'il chercherait à éliminer de potentiels candidats. En tout cas, le futur bureau fédéral sera tenu de mettre ces statuts en conformité avec ceux de la Fifa notamment en ce qui concerne l'article 17. Il y a qu'un décret exécutif a été approuvé en Conseil de gouvernement et vient d'être signé par le chef de ce dernier, M.Ahmed Ouyahia. Il semblerait que la mouture présentée par le ministère de la Jeunesse et des Sports ne comportait pas de limitation de mandats pour le président et son bureau fédéral de même qu'il n'y avait aucune trace de désignation de 30% des membres d'une assemblée générale par le ministre chargé des Sports. Ce serait, donc, le Conseil lui-même qui aurait pris cette décision. Le ministre de la Jeunesse et des Sports, M.Yahia Guidoum, l'avait indiqué lors de son passage au Forum du quotidien El Youm au début du mois de Ramadan. Dans une des lettres qu'il a adressées récemment à la FAF, M.Blatter a indiqué que l'instance qu'il dirigeait était respectueuse de la législation de chaque pays mais qu'elle tenait plus que tout au respect de sa propre réglementation. A charge, pour ces pays, de prévoir des mécanismes de contrôle pour leurs fédérations respectives puisque celles-ci vivent, en partie, souvent en totalité, de subventions que leur versent les pouvoirs publics. En Algérie de tels mécanismes de contrôle existent avec l'Inspection générale du ministère de la Jeunesse et des Sports, l'Inspection générale des finances et la Cour des comptes. Ajoutez à cela, que les statuts la FAF, comme, du reste, ceux des autres fédérations sportives, conformément aux dispositions de la loi 90-31 sur les associations, imposent que les comptes de la fédération soient certifiés par un expert-comptable et un commissaire aux comptes, deux personnes assermentées et agréées par les tribunaux. Si faute grave il y a et reconnue sur le plan de la gestion, les pouvoirs publics disposent d'arguments valables pour déclencher une action en justice. Pour ce qui est des résultats sportifs réalisés par les sélections, seule l'assemblée générale, dont la souveraineté est reconnue par la loi 90-31, est habilitée à juger le président et le bureau fédéral qu'elle a élus. Il en ressort qu'il sera bien difficile à l'administration gouvernementale de pousser la FAF à mettre ses statuts en conformité avec le nouveau décret sur les fédérations sportives. Cela veut-il dire qu'il y aura une application du décret à deux vitesses, en ce sens qu'on imposera à certaines fédérations de s'y soumettre et à d'autres de l'ignorer? Ce serait bien la première fois qu'on parlera d'un «décret à moitié», bon pour les uns et mauvais pour les autres. A moins que l'on aille au bout de sa propre logique et qu'on impose à la FAF ce décret au risque de la voir suspendue par les instances internationales. Humilié sur le plan des résultats de ses sélections nationales, le football algérien ne fera qu'ajouter un mauvais point de plus à son palmarès mais, cette fois-ci, il pourrait se voir rejeter dans le fond de la classe comme le cancre qui ne sait pas apprendre ses leçons.