Si l'on continue, on risque de mener notre football vers la suspension sur le plan international. L'histoire semble n'être qu'un éternel recommencement. Du moins pour le football algérien appelé à vivre des moments que tout le monde croyait à tout jamais révolus. Nul ne contestera le fait que le décret 405-05 sur les fédérations sportives a complètement bouleversé les données d'un problème que l'on pensait facilement résolvable. Notamment pour une discipline comme le football, plus que jamais placé au devant de la scène mais avec le rôle du mauvais acteur qu'un metteur en scène nommé Fifa risque tout simplement de la mettre à la porte. Il est inutile de se servir de l'exemple de la Tunisie et du Maroc comme le font les responsables du MJS pour tenter de présenter sous un angle favorable le décret en question. Les pouvoirs publics dans ces deux pays ne désignent aucun membre pour siéger dans les assemblées générales de la fédération de football. En outre dans chacun de ces deux pays, le mandat du président de la fédération du football est renouvelable. Maintenant, il est vrai que le ministère tunisien des Sports désigne 5 membres (dont le président de la commission d'arbitrage) pour siéger avec les 10 autres membres élus du bureau fédéral. On croit savoir que les Tunisiens sont sur le point de revoir leur copie sur instruction de la Fifa alors même que les 5 membres désignés n'ont pas une réelle autorité. Quant au bureau fédéral chez les Marocains, il ne comporte que des gens élus. A propos de gens élus, le représentant du MJS, M.Kamel Guemar en sa qualité de directeur du sport d'élite a, lors de sa conférence de presse de mardi dernier, indiqué que son département se fie à l'article 17 des statuts de la Fifa pour affirmer qu'il n'y avait rien à craindre du côté de Zurich pour la FAF. C'est ce que disait le MJS en 1997 lorsque le ministère avait pris sur lui de suspendre le bureau fédéral et son président pour organiser de nouvelles élections. L'article 17 avait été brandi par les représentants de notre ministère des Sports pour tenter de faire passer leur projet. Au bout du compte, tout avait été refusé par la Fifa et le MJS avait dû faire marche arrière au point d'accepter le limogeage, au bout de deux mois, de celui qui avait été élu à la tête de la FAF. Donc, ce sont des faits établis et les archives sont là pour en attester. Dans ces archives, on retrouvera des écrits de la presse sportive de l'époque qui mettaient en garde le MJS contre l'ingérence dans les affaires de la FAF. En vain. Près de 10 ans plus tard, la roue a fait un tour pour retomber dans, à peu près, la même situation qu'en 1997. Et l'article 17 des statuts de la Fifa est de nouveau cité par les services du MJS pour argumenter leur démarche. Cet article 17 indique que «les organes des membres ne peuvent être désignés que par voie d'élection ou de nomination interne». Ce sont ces «nominations internes» qui semblent avoir donné du tonus au MJS pour qu'il dise que la mesure de désignation de 30% des membres de l'AG n'a rien d'anormal par rapport aux statuts de la Fifa. Mais il s'agit de nomination «interne», c'est-à-dire que les gens désignés ne peuvent l'être que par l'AG ou par le bureau fédéral. Il n'y a aucune intervention d'une administration extérieure à la FAF. D'ailleurs, la suite de l'article 17 est explicite sur ce point: «les statuts des membres doivent prévoir un système leur assurant une indépendance totale lorsqu'ils procèdent aux élections et nominations». En somme, on ne saurait accepter qu'une institution, fut-elle issue d'un gouvernement, s'ingère au point de désigner des membres d'une AG. La fédération est avant tout une association régie par les dispositions de la loi 90-31 sur les associations. Cette dernière fait tout le temps référence à une «autorité compétente» qui se trouve être le ministère de l'Intérieur. Dans aucune ligne de la loi 90-31, il n'est fait mention de la possibilité offerte à cette «autorité compétente» de désigner des membres pour siéger dans les AG des associations. On ne voit pas pourquoi le MJS prendrait ce droit pour l'appliquer dans les fédérations sportives. Le ministère indique qu'il donne de l'argent et que de ce fait, il a le droit de connaître où il va. La loi sur les associations confère à l'AG une souveraineté totale pour contrôler l'association, donc la fédération sportive. Il est dit que la FAF a reçu 141 milliards de centimes ces dernières saisons pour un résultat négatif. Cela est vrai sur le plan sportif puisque les différentes sélections nationales ont toutes échoué. Mais là il s'agit d'un tout autre débat très important où la responsabilité de l'échec de ces sélections relève, certes, de la FAF, mais aussi des pouvoirs publics. On en reparlera très certainement dans une autre occasion. Maintenant, pour les 141 milliards, il y a une AG qui a désigné un commissaire aux comptes et un expert comptable, deux personnes agréées auprès des tribunaux et qui, jusqu'à présent, lors de chaque AG, n'ont pas trouvé à redire sur la gestion financière de la FAF. Il y a donc une démarche des pouvoirs publics qui semble n'être pas celle de la raison et de la sagesse. Les leçons sont faites pour être retenues et notre football, déjà mis à mal par ses mauvais résultats sportifs, gagnerait à être épargné d'une nouvelle désillusion qui pourrait être la suspension à l'échelle internationale. Nul ne conteste le fait qu'il y a une souveraineté nationale à respecter. Mais cela ne saurait se faire au détriment d'accords internationaux qui pourraient mettre notre football en état d'autarcie. Le bon sens doit l'emporter pour le seul intérêt de l'Algérie et ce dernier doit obligatoirement faire fi des différends personnels qui n'arrangent rien. Le MJS a absolument raison lorsqu'il dit que des compétences sont marginalisées. Il est certainement vrai que des gens qui peuvent apporter un plus à une discipline sportive sont écartés uniquement parce qu'ils ne sont pas amis avec ceux qui dirigent une fédération. A ce titre, et pour le football, il serait bon que le futur bureau fédéral de la FAF, celui qui sera élu le 12 décembre prochain, fasse une application stricte de l'article 17 des statuts de la Fifa et procède à ces fameuses «nominations internes» même s'il s'agit de gens qui ne partagent pas ses idées.