Ahmad Ahmad, président de la CAF Décidément, au moment où tous les pays, pour ne pas dire tous les continents, avancent, les responsables du football africain montrent encore leur incompétence en matière d'organisation. Sinon comment expliquer cette situation dans laquelle s'est mise la Confédération africaine de football depuis l'élection du Malgache Ahmad Ahmad à sa tête? Constat remarquable: c'est la confusion totale depuis les fameuses décisions de retirer l'organisation de la CAN-2019 au Cameroun et de décaler les deux suivantes confiées respectivement à la Cote d'Ivoire et la Guinée en 2012 et 2023. La dernière preuve est que la date limite de dépôt des dossiers de candidature a pris fin vendredi dernier à minuit. Et au moment où on rédige ces lignes, la CAF n'a pipé mot sur les candidatures officielles des pays voulant succéder au Cameroun. Aux dernières nouvelles du côté du siège de la CAF au Caire, il y a trois candidatures officielles: celle de l'Afrique du Sud, de l'Egypte et du CongoBrazzaville. Il y a juste une remarque à faire à propos de la candidature du Congo. L'on avance que la Fédération congolaise a certes envoyé une lettre d'intention, mais sans l'aval indispensable du gouvernement. Pour sa part, la presse égyptienne précise bien que le Congo est candidat tout comme l'Egypte et l'Afrique du Sud. Voilà une situation qui montre bien l'«incompétence» des responsables du football africain pour une simple organisation d'une compétition. Quant à évoquer le problème de la communication et de l'information, il fait revenir un autre jour. Bref, même dans le cas où le Congo serait officiellement candidat, il est remarquable qu'il n'aura aucune chance de succéder au Cameroun dans la mesure où l'Egypte et l'Afrique du Sud remplissent dans une grande mesure le cahier des charges de la CAN que le Congo. Surtout si on prend en considération la dernière déclaration de Hugues Ngouélondélé, actuel ministre des Sports et de l'Education physique, joint par téléphone samedi 8 décembre par RFI, qui a bien précisé: «Nous sommes à six mois de l'organisation de la coupe d'Afrique des Nations et il ne sera pas possible pour nous de l'organiser avec honneur et dignité. C'est plutôt le contraire, le Congo-Brazzaville ne sera pas candidat. Cela ne sera pas possible.» Il ne reste donc qu'à trancher entre l'Afrique du Sud et l'Egypte, donc. Là, si on prend en considération les paramètres organisationnels, c'est l'Afrique du Sud qui part avec la faveur des pronostics, car étant la seule nation africaine à avoir déjà organisé une Coupe du monde. Ce qui veut dire que cette puissance économique africaine est bien prête pour assurer cette première CAN à 24 équipes. L'Egypte a, certes, aussi la possibilité de le faire, mais l'avantage sécuritaire verse vers les Sud-Africains. Un dernier paramètre, et c'est le plus important pour désigner le successeur du Cameroun, il s'agit du travail des coulisses au sein de la CAF. Là, tout est possible et le siège étant en Egypte, les Pharaons ont une petite avance. La preuve, et pas plus tard qu'avant-hier en marge de la coupe d'Afrique des nations de beach-soccer à Charm El Cheikh, il y a eu la présence de Ahmad Ahmad, président de la CAF, et de l'ingénieur Hany Abo Rida, président de la Fédération égyptienne de football et membre du Bureau exécutif de l'instance africaine et de la FIFA, ainsi que 8 membres du Comité exécutif de la CAF. A l'issue de la finale, ces responsables ont loué le potentiel de l'Egypte qui abrite le siège de la CAF et qui est donc éligible pour accueillir le championnat d'Afrique des Nations 2019. La procédure restante pour la désignation du successeur du Cameroun suit le processus suivant: la CAF devait, à partir d'hier, annoncer la liste des candidatures présélectionnées, tout en demandant des informations complémentaires aux soumissionnaires avant d'organiser des visites sur place pour compléter l'évaluation des dossiers de candidatures. La CAF devra mettre en place des comités pour se rendre dans les pays concernés pour des inspections. Le 25 décembre, une mini-liste de candidats avec une évaluation claire du Comité exécutif sera finalisée. Le comité se réunira le 9 janvier à Dakar, au Sénégal pour décider du choix du nouveau pays hôte de la CAN-2019. Reste à noter que la Fédération ivoirienne (FIF) refuse, elle, en contrepartie a d'accueillir, la CAN-2023 et veut conserver celle de 2021. La FIF a contre-attaqué en saisissant le Tribunal arbitral du sport (TAS), l'instance suprême en matière de litiges sportifs. Ce ne sont pas les autorités politiques, mais footballistiques de Côte d'Ivoire qui ont décidé d'engager un bras de fer avec la CAF. Ces dernières n'ont pas apprécié d'avoir été mises devant le fait accompli et d'avoir été sévèrement critiquées. Elles réfutent l'argument selon lequel leur pays ne sera pas prêt pour accueillir la phase finale en juin-juillet 2021. La CAF aura donc beaucoup à faire pour nettoyer la cacophonie dans laquelle elle s'est mise elle-même. Et dire que le président Ahmad Ahmad déclarait fièrement lors de son élection à la présidence de la CAF qu'il fera tout pour réorganiser l'instance fédérale africaine. Et si c'est de cette manière?