«Les rapports des commissions d'enquête parlementaires ne sont pas pris en considération.» La principale question soulevée hier par les députés était relative aux «défaillances» du système bancaire. Les différentes tendances politiques représentées à l'APN n'ont pas caché leur inquiétude quant au «non-aboutissement des réformes de ce secteur». Ils étaient unanimes à dire qu'«il n'y a pas de contrôle rigoureux au niveau des banques». Pour le RND, la signature de l'accord d'association avec l'Union européenne et la prochaine accession de l'Algérie à l'OMC «imposent l'urgence d'une réforme de fond du système bancaire». Pour sa part, M. Ahmed Dane du MSP, a soulevé un autre problème, celui de l'absence de l'autorité des députés dans le contrôle financier, «ce qui a créé une faille entre le député et le pouvoir». Le problème réside, selon lui, dans les rapports de contrôle des députés qui «ne sont pas pris en considération par le gouvernement ce qui a engendré la crise qu'a traversée l'Algérie. Et les scandales financiers ne sont que des répliques de cette crise». Le député du parti de Soltani parle de «l'absence de volonté politique dans la maîtrise de l'argent public et de la déperdition en matière de contrôle de l'argent par l'administration exécutive». «Le recours du gouvernement aux différents fonds est une fuite de la transparence et du contrôle. Nous voulons une économie d'investissement et non de consommation», souligne-t-il avant de poursuivre que le programme de développement économique «ne connaîtra pas le succès car le staff du gouvernement chargé de son application ne semble pas être à la hauteur des attentes du président de la République». Pour M.Ahmed Dane, «il ne faut pas minimiser cette épineuse question qui ne doit, dit-il, pas se poser uniquement au ministre des Finances mais à tous les autres responsables du gouvernement». Les députés d'El Islah ont soulevé le même problème en évoquant les scandales qui ont éclaté dernièrement. «Où est le rôle des organismes de contrôle interne dans toutes ces affaires de détournement?» s'est interrogé M.Abdelaziz Hamlaoui du parti de Djaballah. «Les commissions d'enquête parlementaires sont absentes. Cela ne veut pas dire qu'elles ne participent pas aux opérations de contrôle, au contraire, celles-ci soumettent des rapports aux autorités concernées sur les questions du foncier, de détournement et des scandales financiers mais sans avoir aucune réponse». M.Hamlaoui estime que «les mains du contrôle sont en panne et le vol est dirigé». Pour appuyer ses dires, il avance que durant les deux dernières décennies, les scandales financiers ont été estimés entre 150 et 160 milliards de dinars, soit plus de 2,2 milliards de dollars. «Quand s'arrêtera donc la machine de détournement de l'argent public?» Les députés du FNA soulèvent ce problème. Ils ont saisi le ministre des Finances concernant le dernier scandale qui a éclaté à la BNA, mais aussi les autres scandales, notamment celui de la banque El Khalifa. «Quelles sont les mesures prises pour protéger l'argent du peuple des transferts? Quels sont les mécanismes que votre département compte mettre en oeuvre pour éviter justement ces transferts?», se sont-ils interrogés. Ils considèrent que le problème est dû à «la défaillance de l'actuel système bancaire qui bloque l'investissement étranger d'où le besoin d'une réforme bancaire de fond». Les représentants des différentes formations politiques se sont encore une fois interrogés, sur les motifs ayant poussé le gouvernement à élaborer le budget de l´Etat sur la base d´un baril de pétrole à 19 dollars au moment où les prix du brut avoisinent les 60 dollars et ont proposé la révision du système fiscal. Aussi et parmi les critiques retenues, celles du Parti des travailleurs concernant l'augmentation des salaires à 100% afin d'améliorer le cadre de vie des citoyens. Les membres du gouvernement doivent répondre, demain, aux questions relatives à la conception de ce texte qui sera soumis au vote de l´APN le 15 novembre prochain.