A quel niveau se trouve la poésie maghrébine par rapport au monde arabe? Dans le cadre du concours maghrébin de poésie Moufdi-Zakaria, l'association culturelle Aljahidhia a organisé mercredi dernier une conférence sur la poésie portant sur une question d'actualité préoccupante dans la littérature algérienne et maghrébine qui est «à quel niveau se trouve la poésie maghrébine par rapport au monde arabe?» Les conférenciers, deux membres du jury du concours et deux figures de la littérature maghrébine se sont penchés sur les points principaux de la question. M.Najib Alaoufi, représentant le Maroc, spécialisé dans la critique littéraire parla longuement de la relation bouleversée entre la poésie et le temps présent, dont les loisirs nombreux ne lui laissent aucune chance de s'épanouir dans les milieux populaires. Il a décrit aussi les différentes étapes de la poésie maghrébine en faisant allusion au poème calligraphique, qui selon lui, est une innovation du Maghreb, mais en vérité n'a pas eu la chance de s'élargir puisque selon ses dires, les Orientaux voient le Maghreb, depuis toujours, comme un dépendant culturel à la traîne. Cependant, il nota aussi la problématique de la langue française laquelle est aussi une cause de dégradation de la culture algérienne et maghrébine puisqu'il la considère comme une cause de division et de source de conflits entre les hommes de lettres maghrébins. M.Tahar Hammam, représentant la Tunisie dans cette conférence , donna libre cours à la parole poétique et précisa les caractères et le niveau des poèmes présentés cette année. Les résultats du concours ont été annoncés à la fin de la conférence. Parmi cinquante concurrents, treize sont Marocains et sept Tunisiens, le premier prix a été decerné au Maroc grâce à Mustafa Chelih pour son poème est-ce que j'ai une terre, ô Arabes? Le deuxième prix a été décerné à l'Algérie pour l'amour n'est que pour elle de Youcef Gulissi alors que le troisième prix est revenu à la Tunisie grâce à Aïcha frappe à la porte de la solitude de Chokri Benteraâ. Les lauréats seront primés prochainement lors d'une cérémonie spéciale. Une récompense méritée mais qui reste très familiale puisque la poésie maghrébine demeure toujours très timide envers l'Orient qui gouverne le monopole poétique depuis bien longtemps. Est-ce qu'un jour un poète maghrébin aura la notoriété et l'envergure nécessaire pour rétablir l'équilibre de la balance? Seul l'avenir nous le dira.