Le Royaume wahhabite prévoit de baisser ses exportations à 7 millions de barils par jour d'ici la fin du mois de janvier afin de faire rebondir les cours de l'or noir. La «guerre» des prix du pétrole s'annonce. Elle sera sans concessions. Il y a d'un côté les Etats-Unis qui ont fait des pieds et des mains pour faire plonger le baril et, de l'autre les pays producteurs Opep-non Opep, dont la Russie, qui tentent de les faire rebondir. Dans ce face-à-face impitoyable le chef de file de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole se porte aux avants-postes. Riyadh défie Washington dans un contexte assez particulier. Il y a en effet du gaz dans l'air entre Saoudiens et Américains depuis l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat d'Arabie saoudite à Istanbul. Avant cet épisode tragique, le président américain qui a accusé l'Opep d'être derrière le rebond des prix du pétrole n'a eu de cesse de faire des appels du pied au leader de l'Opep pour qu'il augmente sa production afin de les faire baisser et pallier les exportations iraniennes qui devaient être mises sous embargo dés le 4 novembre date qui devait marquer la mise en oeuvre des sanctions contre la République islamique d'Iran. Le successeur de Barack Obama comptait sur les dissensions irano-saoudiennes pour que sa requête soit satisfaite. Il avait vu juste. L'Arabie saoudite et la Russie, gros producteurs mondiaux et «figures de proue» de l'alliance Opep-non Opep ont cru pouvoir pomper davantage, convaincus que les sanctions américaines contre Téhéran allaient priver le marché mondial de plus de 3 millions de b/j iraniens. Mal leur en a pris. L'assouplissement des représailles US, qui s'apparente à un coup fumeux du président américain, a contribué à faire plonger les prix qui se sont retrouvés à leur plus bas depuis plus d'une année. Les Etats-Unis ont réussi à les faire dégringoler à travers leur production qui a atteint un record de plus de 11 millions de barils par jour. Le coup de grâce a été porté par la reculade du président américain qui a décidé d'aménager les sanctions contre l'Iran en autorisant huit pays, la Chine, l'Inde, le Japon, la Corée du Sud et l'Italie, la Turquie, la Grèce et Taïwan à continuer d'acheter temporairement du pétrole iranien. Plus question donc de prêter le flanc devant les désiderata de Donald Trump, de rester sans réaction face à la production américaine qui aligne record sur record, grâce notamment à l'extraction effrénée de son pétrole de schiste, ainsi qu'à des stocks qui gonflent inexorablement. L'Arabie saoudite se tient en première ligne pour y faire face. «Les 25 producteurs (Opep-non Opep, Ndlr) ne permettront pas que cela se poursuive» avait averti son ministre de l'Energie. «Les signaux que nous vous avons envoyés... veulent dire que nous ferons (...) ce qu'il faudra pour équilibrer le marché», avait souligné Khaled al-Faleh. Riyadh a joint le geste à la parole. Sa production a diminué de 460.000 barils par jour en décembre. Cette baisse est couplée avec celle de 1,2 million de barils par jour décidée le 8 décembre dernier à Vienne. Elle a été actionnée le 1er janvier. Et ce n'est pas fini. Le Royaume wahhabite prévoit de baisser ses exportations à 7 millions de barils par jour d'ici la fin du mois de janvier afin de faire rebondir les cours de l'or noir. Une information répercutée par l'influent Wall Street Journal, quotidien économique et financier américain le plus vendu au monde. Les premières salves de 2019 pour faire capoter le plan machiavélique de l'hôte de la Maison Blanche pour fragiliser les pays producteurs, ont détonné. L'exemple du Venezuela qui est au bord du chaos à cause de la dégringolade des prix du pétrole, est édifiant à ce propos. L'Arabie saoudite a subi un déficit commercial de près de 100 milliards de dollars en 2015. L'Algérie à un degré moindre a réussi à sauvegarder ses réserves de changes autour des 82 milliards de dollars, alors que son Fonds de régulation des recettes a été consommé jusqu'au dernier centime. Le niveau actuel des cours de l'or noir bien qu'ils aient retrouvé des couleurs ne les arrange pas. L'heure de la «révolte» a sonné...