Le président américain aurait appelé le roi Salmane d'Arabie saoudite pour lui demander d'augmenter la production de 2 millions de b/j pour faire face à l'embargo qui pèse sur l'Iran et le Venezuela. Donald Trump n'en fait qu'à sa tête. Et lorsqu'il provoque des dégâts il refuse d'en payer les conséquences. C'est le cas avec ses décisions de rétablir les sanctions contre Téhéran après avoir rompu l'accord portant sur le nucléaire iranien, et d'en faire autant avec le Venezuela suite à la réélection du président Maduro. Des mesures qui auront pour effet de réduire les capacités de production et d'exportation de pétrole de ces deux pays, ce qui a contribué à la hausse des cours de l'or noir qui ont retrouvé leur verve en s'affichant autour des 80 dollars. Un niveau que le président des Etats-Unis juge élevé. Il s'est donc adressé au souverain wahhabite pour lui demander d'ouvrir abondamment les vannes pour inverser la tendance. «Je viens de parler au roi saoudien Salmane et j'ai demandé à l'Arabie saoudite de relever sa production pétrolière jusqu'à peut-être deux millions de barils pour compenser les pertes causées par les troubles et les dysfonctionnements en Iran et au Venezuela [...]. Il l'a accepté», a écrit le dirigeant américain sur sa page Twitter. Si Riyadh venait à obtempérer à une telle injonction cela contribuerait inévitablement à faire couler le baril. L'Algérie a aussitôt réagi. Il «n'est pas dans l'intérêt des grands producteurs que le baril retombe lourdement», a déclaré le patron de Sonatrach. «Les pays membres de l'Opep et la Russie devraient maintenir le pacte d'Alger pour continuer de soutenir les prix du brut», a conseillé Abdelmoumen Ould Kaddour à partir de Washington où il a participé à la Conférence mondiale sur le gaz. L'Algérie a été la cheville ouvrière de l'accord de la baisse de 1,8 million de barils par jour de la production de l'Opep et de ses 11 alliés décidée le 10 décembre 2016 à Vienne, en Autriche, qui a permis au marché de se rééquilibrer et aux prix de rebondir. Elle a dû batailler dur pour y parvenir. Cet accord n'aurait certainement pas vu le jour sans l'offensive diplomatique, sans précédent, lancée par l'Algérie et initiée par le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, pour sensibiliser les pays producteurs (Opep et non Opep) à la sévère dégringolade des prix du pétrole qui a débuté à la mi-juin 2014. Il a été couronné le 28 septembre 2016 lors d'un sommet de l'Opep qui s'est tenu à Alger en marge du 15ème Forum international de l'énergie. Il a surtout permis aux prix de l'or noir de rebondir. Les cours de l'or noir, qui évoluaient autour de 27 dollars à la mi-janvier 2016 tournent aujourd'hui autour des 80 dollars à Londres et au-dessus des 73 dollars à New York. Un résultat qui découle d'un effort soutenu de l'Opep et de ses 11 alliés depuis le 1er janvier 2017, qui ont scrupuleusement respecté le pacte qui les lie. Une «machine» bien rodée et efficace au sein de laquelle le locataire de la Maison-Blanche veut semer la zizanie pour imposer «son» nouvel ordre mondial. L'Europe n'y a pas échappé. Le 31 mai dernier, son secrétaire au Commerce, Wilbur Ross, avait annoncé la fin de l'exemption temporaire des taxes douanières sur l'acier et l'aluminium, accordée à l'Union européenne. L'acier importé de l'UE subira une taxe de 25%, l'aluminium plus de 10%. La dernière en date, qui visait à imposer de nouveaux droits de douane de 25% sur 50 milliards de dollars d'importations chinoises, a été mise à exécution le 15 juin dernier. C'est au tour des prix du pétrole d'être dans sa cible. Les revenus qu'ils représentent sont essentiels pour les pays producteurs qui ont besoin d'un niveau correct du baril pour assurer leur équilibre. L'Arabie saoudite, qui a été sollicitée par Donald Trump pour le faire baisser, sait pourtant à quoi s'en tenir. En 2015 son déficit budgétaire s'est élevé à près de 100 milliards de dollars à cause de la dégringolade des cours de l'or noir. Riyadh, jouera-t-elle avec le feu pour satisfaire les desiderata de Donald Trump? «Le roi Salmane a affirmé que le royaume maintenait une capacité de réserve de deux millions de barils par jour, qui sera utilisée avec prudence si et quand il sera nécessaire afin d'assurer l'équilibre et la stabilité du marché, et en coordination avec ses partenaires producteurs...», a fait savoir samedi la Maison-Blanche dans un communiqué. L'affaire est donc loin d'être dans le sac...