Notre pays consomme 5000 tonnes de pesticides par an. Un séminaire sur le risque toxique lié aux produits chimiques a eu lieu hier à l'Insp (Institut national de santé publique) d'Alger. Ce dernier qui a réuni des experts nationaux et étrangers, notamment le représentant de l'OMS en la personne du professeur Nejjar, a fait état des menaces qui pèsent sur l'environnement et la santé de la population du fait de produits insuffisamment contrôlés ou carrément disséminés dans la «nature». Même si les intervenants au cours de cette rencontre ne se sont pas montrés alarmistes, ils ont néanmoins tracé une sorte de cartographie des sites géographiques nationaux les plus vulnérables sur les plans écologique et sanitaire, du fait du risque de contamination par les déchets chimiques. Ainsi le professeur B. Alamir du comité Gestion du risque des produits chimiques instauré récemment par l'OMS aux fins d'observation à travers notre continent, n'a pas caché son inquiétude de voir advenir le risque de contamination bien réel. Elle a révélé une sorte de tracé qui fait ressortir des régions du centre, de l'est et de l'ouest non épargnées par les résidus hautement nuisibles à l'instar des huiles Askarel, signalées dans la wilaya de Laghouat, et autres produits organiques dangereux qui nécessitent une systématique et coûteuse décontamination du sol après leur déversement. Ce professeur pointera du doigt tous les sites industriels de transformateurs et disjoncteurs très polluants. Alors que d'autres dénonceront le manque d'éducation phytosanitaire sévissant dans les milieux ruraux et chez les professionnels de l'agriculture. Une carence très pénalisante lors de l'utilisation des pesticides, dont l'Algérie n'est certes pas fortement consommatrice, mais que fragilise une rareté du contrôle de conformité de ces produits. L'on écarte néanmoins tout danger découlant de l'utilisation des cinq millions de litres d'insecticides ayant servi à lutter contre la dernière invasion acridienne. La gamme de produits utilisée répondant parfaitement aux normes recommandées d'autant que son emballage a déjà été récupéré. Pour rappel, pesticides et insecticides restent fondamentalement de grands produits polluants, pour s'en convaincre, il n'y a qu'à se rappeler la crise de la dioxine en Belgique. Seuls les délais de récolte des produits traités restent encore à définir auprès des agriculteurs, une obligation désormais dictée par l'engagement de notre pays auprès d'instances et organismes internationaux, telle l'OMC. L'on assure également qu'un circuit de contrôle des pesticides est bien balisé. L'Algérie consomme 5000 tonnes de pesticides par an. Toutefois, pour ce qui est des produits chimiques à usage domestique, l'on déplore l'absence de tout dispositif adéquat, performant. Il en est de même pour les additifs alimentaires. En relevant une faible capacité de formation auprès des établissements algériens qui versent dans ce type d'industries (moins de 30%) le reste étant importé. Une donne pas très rassurante, surtout lors des accidents domestiques, très fréquents, où, pour prendre en charge certains cas, les médecins doivent nécessairement remonter la composition chimique des produits ingurgités ou mis en cause. De fait, il est recommandé, face à l'invasion du marché par plus de 100.000 substances nouvelles entrant dans la composition de nombre de produits, le renforcement de la réglementation et le potentiel d'expertise. M.Bendaoud représentant une ONG a pour sa part fait cas d'une dispersion des conditions de stockage de certains produits hautement toxiques ou spéciaux, notamment en Oranie où l'on cite des containers éventrés recelant des matières dangereuses. En plus clair, ce dernier parle d'un ancien hangar d'Asmidal tombé en désuétude puis repris par la société Onapsa, désormais dissoute. Il y serait question carrément de sites «non gardés» et contaminés par des pesticides, Askarel et autres «Pops» hautement cancérigènes.