Alors que la province de Manbij, menacée par une offensive turque qui guette le retrait des 2000 soldats américains, annoncé par le président Trump, vit au rythme des patrouilles de la police militaire russe et des forces venues en soutien de l'Armée arabe syrienne déployée ces derniers mois à partir de la province voisine d'Alep, la question lancinante a trait au devenir de la ville d'Idlib dominée par les groupes rebelles et terroristes et notamment le plus important d'entre eux, Hayat Tahrir al Cham (HTS), ex-Fateh al Cham, après avoir été Al Nosra, branche d'Al Qaïda en Syrie. Voilà quatre mois qu'un cessez-le-feu a été concédé du bout des lèvres par le président Vladimir Poutine à son homologue turc Recep Tayyip Erdogan qui cherchait à tout prix à protéger ses alliés rebelles, comme l'Armée syrienne libre (ALS), malgré un refus au sommet de Téhéran qui a failli mettre fin, prématurément, au processus d'Astana. Le bastion insurgé est, cependant, un véritable nid de terroristes de tout poil et Moscou n'a pas cessé de réclamer le départ de tous les groupes même si les forces syriennes ont été stoppées in extremis dans leur offensive sur la ville d'Idlib elle-même. Depuis septembre, c'est le statu quo. Le cessez-le-feu est non seulement précaire, mais il est aussi hypothéqué par la volonté d'Ankara de lancer une offensive de l'autre côté de l'Euphrate, sitôt les Américains partis, sous prétexte de neutraliser complètement les combattants kurdes des FDS-YPG accusés d'être de mèche avec le PKK. Une situation qui a quelque peu tempéré les ardeurs de l'administration Trump, pressée par le Pentagone et les alliés occidentaux comme la France et le Royaume-Uni de revoir sa copie. Reste en plan l'accord factuel conclu par la Russie et la Turquie un 17 septembre 2018 et dans lequel les deux pays optent pour une «zone démilitarisée» dans la province et la ville d'Idlib ainsi que dans certaines parties de celles de Hama et Alep où subsistent également quelques poches d'extrémistes rebelles. Ceux-ci ont attaqué la semaine dernière des positions de l'armée arabe syrienne qui a sévèrement répliqué, mais la situation semble globalement calme, surtout à Idlib, où les fanfares médiatiques occidentales prédisaient une catastrophe sans précédent en cas d'offensive des forces syriennes. Hors, ni Hayat Tahrir al Cham ni les autres groupes extrémistes proches de la Turquie n'ont obtempéré aux exigences de l'accord russo-turc qui stipule leur désarmement et leur retrait de la zone tampon déterminée d'un commun accord. Depuis, c'est le wait and see dont on peut penser qu'il constitue un étrange statut pour Hayat Tahrir al Cham qui domine à plus de 60% la province d'Idlib et empêche la réouverture des autoroutes qui relient les territoires d'Alep à Hama et Lattaquié, en passant par...Idlib.