Il nous quitte sur la pointe des pieds. Sans crier gare En plus des consultations gratuites, il offrait généreusement, selon plusieurs témoignages concordants dont ceux d'enfants de chouhadas, de précieux médicaments. Le docteur Braham Benmerabet nous quitte sur la pointe des pieds. Sans crier gare, enveloppé dans son humilité de citoyen parfait qui aura accompli tous ses devoirs au centre desquels sa disponibilité vis-à-vis des familles déshéritées d'Alger. Des familles qui ont toujours trouvé auprès de lui toute la compréhension que requiert un statut social des plus précaires. En plus des consultations gratuites, il offrait généreusement, selon plusieurs témoignages concordants dont ceux d'enfants de chouhada, de précieux médicaments. Il aura vécu plus de neuf décennies sans jamais être au-devant de la scène, sous les feux de la rampe. Lui dont la culture scientifique et artistique était immense. Il est issu de l'une des familles du Vieil Alger parmi les plus courues et respectées. Ce n'est un secret pour personne tant les Benmerabet ont été à l'avant-garde de tous les défis cultuels, culturels et sportifs inscrits dans le Mouvement national à Alger. Pour mémoire, Mohamed Benmerabet a été l'un des principaux membres fondateurs en mars 1927 de Nadi At-Taraqi (Cercle du Progrès) alors que deux de ses parents, Mahmoud et son fils Benyoucef Bensiam, furent parmi les plus grands promoteurs et mécènes de la musique classique algéroise, à travers El Djazaïria et du sport algérien, à travers le doyen des clubs algériens, le Mouloudia d'Alger, le nAHD et l'Olympique de Hussein-Dey (OHD). Il convient de souligner ici que Mahmoud Bensiam fut président d'El Djazaïria, la doyenne des associations de musique andalouse de la communauté musulmane et du Mouloudia d'Alger. Le docteur Braham Benmerabet était particulièrement fier de la société musicale El Djazaïria El Mossilia que présidait Sid Ali Benmerabet tant pour sa mission de sauvegarde que pour son action de propagation et de vulgarisation. S'il reste un illustre inconnu pour la génération actuelle, le docteur Braham Benmerabet n'en demeure pas moins une figure emblématique du Vieil Alger. Une mémoire vivante qui s'en est allée devant l'indifférence des clercs, avec le sentiment amer de n'avoir pas contribué à la reconstitution de pans importants de la mémoire collective. Reposez en paix docteur, vous qui m'accordiez en tant que patient tout votre temps, votre disponibilité et surtout votre exemple en matière de connaissances, de culture et de raffinement citadins. Ce n'est pas par hasard si nous sommes passés tous les deux par le Lycée Bugeaud (devenu au lendemain de l'Indépendance Emir Abdelkader de nos jours), aussi paradoxal que cela puisse paraître, votre décès fait voler en éclats le linceul de votre anonymat tissé le plus souvent à l'effet de faire perdurer la discontinuité castratrice qui retarde la réappropriation de notre identité historique plurielle. Témoin, ce magnifique hommage, symbole s'il en est de l'unité nationale à laquelle vous teniez tant, qui vous est rendu, grâce aux réseaux sociaux, par des Algériens originaires de tous les coins du pays. N'a-t-on pas dit que l'histoire rattrape tout son monde? L'enterrement a eu lieu vendredi 25 janvier à l'heure du Dohr au cimetière Sidi M'hamed sis au quartier Belouizdad. La veillée du troisième jour est prévue aujourd'hui au 28 rue Didouche Mourad, à Alger-Centre.