Elle s'est terminée sans susciter l'adhésion des électeurs. La campagne électorale est finie, laissant, toutefois un goût d'inachevé. Les médias qui, habituellement y trouvent matière, n'ont pas focalisé sur l'événement. Les partis politiques, eux-mêmes, ne se sont pas investis entièrement pour convaincre. Personne n'a présenté de programme de campagne. Chacun a improvisé suivant des thèmes disparates, parfois communs chez les uns et les autres. Les deux partis traditionnels de la région ont choisi l'opposition farouche aux partis du pouvoir. Le RCD et le FFS ont dénoncé «la fraude anticipée» en mettant en exergue cet aspect, tout en sachant que la dénonciation n'a jamais constitué un programme. Le PT a fait exception en confirmant la règle. Les animateurs de ce parti ont focalisé sur les grands thèmes, telles la privatisation, la paupérisation de la société, en jouant doublement à l'APN et sur le terrain. Le FLN qui tente une OPA sur la région de Kabylie n'a pas lésiné sur les moyens. Il a présenté des listes dans toutes les communes, parfois seul dans certaines circonscriptions. Il faut noter aussi que le RND s'est dépensé même si les médias l'ont occulté. Il a dépêché ses ministres en vue de tirer profit du dialogue qu'avait initié Ouyahia avec les archs. Le retour du FLN a marginalisé l'ancien parti majoritaire. Il serait utile de rappeler, toutefois, que la bataille sourde que se livrent les deux partis connaîtra son dénouement après les élections partielles de Kabylie. En resituant la campagne dans son contexte global, on découvre que ces partielles ont constitué un terrain propice où se tissent les grandes manoeuvres qui ont, en réalité, des origines au sein du sérail. D'où cette concurrence inégale, d'une part, entre les deux partis rivaux au pouvoir et les deux partis rivaux de l'opposition, d'autre part, et, enfin, entre les deux ailes des archs. C'est dire la complexité des enjeux dans cette élection partielle. Néanmoins, celle-ci sert d'indicateur aux développements politiques à venir, parce que la spécificité de la région qui reste «le coeur palpitant» du pays, comme dirait Bouteflika, représente un test sérieux. Car qui tient la Kabylie, tient l'Algérie. Il s'agit d'un axiome que justifient les grandes phrases du personnel politique qui parcourt la région nuit et jour. Elle présente aussi des éléments d'appréciation sur ce que seront les élections législatives et locales qui auront lieu dans moins de deux ans. Elles permettront aux analystes et aux partis de remettre leurs pendules à l'heure. Malgré les enjeux, dont on n'a énuméré qu'une infime partie, la campagne électorale des partielles a été terne. Les résultats du scrutin auront, à coup sûr, des conséquences majeures sur les futures recompositions au sommet même si le coeur n'y est pas.