Le désintérêt des citoyens pour ces élections s'explique par le fait que tous ceux qui avaient été élus n'ont pas tenu leurs promesses. A Annaba, malgré les appels des partis politiques et toute la publicité faite dans les médias, la campagne électorale n'a pas vraiment décollé. On est contraint de se rabattre sur les quartiers et cités populaires dans l'espoir de susciter l'intérêt des citoyens. Certains partis, à l'image du PT, du RND ou du MSP, sont passés à la vitesse supérieure en invitant leurs chefs à animer des meetings croyant ainsi drainer les foules, mais les choses ne s'étaient pas passées comme ils le souhaitaient et ils durent «recruter» par bus entiers dans les localités environnantes pour remplir les salles. Mais, ce feu de paille n'eut pas l'effet escompté, et la campagne revint à sa monotonie et à son train-train habituels: haut-parleurs à fond, affichages arrachés et discussions sans intérêt. Les quatre stades programmés pour accueillir les «milliers de citoyens» lors des rassemblements sont restés désespérément vides et l'engouement tant attendu n'a pas été au rendez-vous. On a bien tenté à la Radio de Annaba d'imprimer une nouvelle dynamique à cette campagne en invitant, hier, des femmes candidates présentées par le FLN, le MSP ou le FFS à parler de leurs programmes respectifs, une initiative, certes louable, mais qui ne peut convaincre, tout simplement parce que les auditeurs, ce sont ces mêmes électeurs qui ont préféré rester chez eux et ne pas assister aux meetings programmés dans leur ville. Le désintérêt des citoyens pour ces élections s'explique par le fait que tous ceux qui avaient été élus (à une ou deux exceptions près) n'ont pas tenu leurs promesses et n'ont rien entrepris pour changer la situation ou du moins freiner la dégradation galopante qui pervertit tout. La majeure partie des citoyens ignore royalement l'événement malgré l'impact futur de celui-ci sur son quotidien. «Vous savez, nous confie un père de famille, ça va de mal en pis, regardez autour de vous, Annaba est devenue un véritable dépotoir, les ordures traînent partout. Certaines cités tiennent beaucoup plus du douar que de la ville, les trottoirs sont maintenant la propriété de certains, les agressions, les cambriolages et les vols se sont multipliés, le chômage prend des proportions alarmantes et la pollution augmente; on étouffe dans cette ville. Tous ceux qui ont été élus avant n'ont rien fait, leurs promesses sont restées à l'état de voeux pieux. Comment voulez-vous qu'on aille voter le 29?» Un jeune que nous avons rencontré du côté de la Place d'Armes, quartier où a eu lieu l'explosion de gaz qui avait fait 6 morts, il y a plus d'une semaine, nous dit que les habitants vivent dans la peur de voir leurs maisons s'effondrer sur eux «Qu'ont fait ces élus pour nous protéger? Pourquoi restent-ils sourds à nos appels? Nous vivons un cauchemar depuis des années, aucun de ces messieurs, élus de la commune ou de la wilaya, ne s'est intéressé à notre sort et maintenant, ils font appel à nous pour faire élire tel ou tel candidat. Je vous garantis que personne de la Place d'Armes n'ira voter. Y en a marre!» conclut-il avec beaucoup d'amertume. Pour les responsables locaux des partis politiques en course, ces déclarations sont juste circonstancielles et à mettre sur le compte de la colère du moment. Le jour J, les citoyens iront voter. «C'est sûr, nous confie un vieux militant du FLN, les habitants de Annaba ne peuvent laisser passer cette occasion pour changer les choses, la situation a évolué et les futurs élus seront obligés de rendre des comptes, ils seront toujours du côté de leurs concitoyens, ils les écouteront et prendront les décisions adéquates.» A une journée de la clôture de cette campagne et après l'annulation de près d'une dizaine de meetings programmés, on continue toujours à espérer «renverser la vapeur», un optimisme à toute épreuve qui se heurte à une réalité amère. Cependant, la commune de Annaba reste la plus convoitée parce que sur les 370.017 électeurs de la wilaya, 170.570 sont inscrits sur les listes de cette commune, soit 46% de l'électorat. Chaque parti en lice mise gros pour conquérir cette institution; les stratégies et les moyens diffèrent pour convaincre mais apparemment cet électorat échaudé par les consultations précédentes ne se laisse pas faire facilement. Ce 29 novembre sera le grand test, un test qui fait peur...à tous.