Le président français avec la défunte Pour le président français, ce combat a été mené pour que «l'Etat reconnaisse la responsabilité des gouvernements français qui, durant la guerre d'Algérie, échouèrent à prévenir et à punir le recours à la torture (...)». Nouvelle étape cruciale dans le rapport de la République française à sa propre histoire. Avec une audace sans pareille, le président Emmanuel Macron vient de «récidiver» en mettant un terme à l'amputation de la mémoire. Dans un hommage à Josette Audin, décédée samedi dernier à Paris à l'âge de 87 ans, veuve du mathématicien et militant de la cause algérienne, enlevé et assassiné par l'armée française en juin 1957, le président Macron a affirmé que le militant Maurice Audin «avait été torturé puis exécuté ou torturé à mort» par l'armée française, durant la guerre de Libération nationale (1954-1962). Dans cet hommage, Macron a rappelé, qu'arrêté à son domicile par des militaires français le 11 juin 1957, Maurice Audin «ne revint jamais». «Il avait été torturé puis exécuté ou torturé à mort par ceux qui l'avaient arrêté», a-t-il affirmé, soulignant que la plainte pour enlèvement et séquestration que Josette Audin déposa alors «achoppa, comme d'autres, sur le silence ou le mensonge des témoins-clés». Il a encore rappelé que «l'enquête fut définitivement close en 1962 par un non-lieu, en raison des décrets d'amnistie pris à la fin de la guerre d'Algérie, qui mirent fin à toute possibilité de poursuite». «Déplaçant alors son combat pour la justice sur le terrain de l'établissement et de la reconnaissance de la vérité, des faits historiques et des responsabilités politiques, Josette Audin continua à se battre avec une détermination inébranlable pour savoir ce qui était arrivé à son époux, puis pour que cette histoire soit connue, et, plus généralement, pour que l'histoire complexe et douloureuse de la guerre d'Algérie soit regardée avec courage et lucidité», a-t-il ajouté. Le 13 septembre dernier, le président Macron, en rendant visite à Josette Audin, avait reconnu le rôle de la France dans l'assassinat de son mari et la pratique de la torture durant la Guerre de Libération nationale. La reconnaissance de l'enlèvement et de l'assassinat de Maurice Audin par le plus haut responsable de l'Etat n'a pas été, sans raison, le combat de toute une vie durant de quelques intellectuels précurseurs - tel le grand historien Pierre Vidal-Naquet, ou le mathématicien Laurent Schwartz. Aussi, le président français a-t-il évoqué le combat de Josette Audin, de plus de soixante ans, en compagnie de ses enfants, au sein de l'Association Maurice-Audin, avec le soutien d'historiens comme Pierre Vidal-Naquet, de mathématiciens et de journalistes. «Josette Audin s'est inlassablement mobilisée pour que jamais le souvenir de Maurice Audin et la mémoire de son sort ne s'éteignent», a-t-il mentionné. Ce combat, a-t-il poursuivi, a été également mené pour que «l'Etat reconnaisse la responsabilité des gouvernements français qui, durant la guerre d'Algérie, échouèrent à prévenir et à punir le recours à la torture, faillirent à cette mission fondamentale qui incombe à toute autorité démocratique d'assurer la sauvegarde des droits humains et, en premier lieu, l'intégrité physique de celles et de ceux qui sont détenus sous leur souveraineté». «La vie de Madame Audin fut une vie d'amour et de combat pour son mari et pour la vérité. C'est son viatique et la source de notre profond respect», a-t-il conclu.