La cinémathèque d'Alger organise aujourd'hui à 18h30 une séance spéciale de projection d'un film documentaire intitulé Maurice Audin, la disparition, réalisé en 2010 par le cinéaste Français François Dermerliac. Inédit en Algérie, ce documentaire revient sur l'emprisonnement et la torture du mathématicien et militant de la cause algérienne à l'âge de 25 ans et qui le conduira à la mort en juin 1957 en pleine Bataille d'Alger. Sous la forme d'une enquête,le réalisateur tente de croiser les différents témoignages des acteurs de l'époque en y mêlant des scènes de reconstitution, des coupures de journaux, des archives filmées et divers documents et avec pour témoignage central du documentaire, Josette Audin, veuve du militant, Henri Alleg, auteur de la Question et ancien directeur du journal Alger Républicain, ainsi que d'autres protagonistes, avocats, militants de la lutte anticoloniale et historiens algériens et français. Une enquête menée dans le souci d'apporter un éclaircissement sur une affaire encore vive dans les mémoires et dont la responsabilité des autorités coloniales n'a toujours pas été reconnue par la justice française. Pour ce faire, le réalisateur a aussi choisi de s'appuyer sur le travail de l'Historien Pierre Vidal-Naquet, qui, rappelons-le, a publié en 1957 L'affaire Audin, réédité en 1989 chez Minuit, livre qui avait fait débat, ainsi que d'autres importants ouvrages sur la question de la pratique de la torture par l'Etat Français durant la guerre d'Algérie (la Torture dans la République, 1972 Minuit). Ce sera donc l'occasion pour le public algérois de replonger dans une période de l'histoire qui, plus d'un demi siècle après continue à faire polémique. Rappelons enfin que la version officielle, de l'évasion de Maurice Audin, lors de son transfert en prison, a toujours été contestée par son épouse et veuve Josette Audin. Les demandes de reconnaissance de la mort de Maurice Audin sous la torture de l'armée française ont toujours abouti à des non-lieux prononcés par des tribunaux français. En 2007, Josette Audin avait refusée d'être décorée de la Légion d'honneur française, après que sa demande, auprès du Président français, de reconnaitre la responsabilité de l'Etat dans l'assassinat de son mari soit restée sans réponse. F. B.