La foire du livre de Cuba est une manifestation très prisée par la population. Plus de 1,5 million de visiteurs est le chiffre qui nous a été communiqué par le ministre de la Culture cubain quant au taux de fréquentation des gens à cet événement. Jeudi 7 février 2019. 18h, Cuba s'apprête à vivre le plus grand événement culturel de l'année. Il s'agit de la 28e édition de la Foire internationale du livre de La Havane. Situé sur le site historique Morro-Cabaña, cet événement s'étend aussi sur d'autres lieux importants de la ville, comme le Pabellón Cuba, les locaux de l'Unión de Escritores y Artistas de Cuba, les librairies notamment. C'est le jour de l'inauguration officielle de cette foire. N'y assiste qu'un monde trié sur le volet. L'Algérie est le pays invité d'honneur. A cet effet, une délégation algérienne a fait le voyage jusqu'à La Havane pour honorer cette grande fête populaire, se déroulant dans la célèbre île des Caraïbes du célèbre mythe révolutionnaire Fidel Castro. Son nom est sur toutes les lèvres. Présent à cette cérémonie, Miguel Diaz Canel, le président de la République cubaine en personne. De son côté, l'Algérie est représentée par Azzedine Mihoubi, le ministre de la Culture, Hamoudi Messaoudi, le directeur du Sila, Djamel Faghouli, le directeur du livre, ainsi que d'autres invités qui animeront d'autres activités parallèles, tels Yasmine Chouikh qui présentera son long-métrage jusqu'à la fin des temps mais aussi, entre autres Samy Bencheikh El Hocine, directeur de l'Onda, Sihem Ghenouche, conteuse, le chef de l'Orchestre symphonique algérien, Amine Kouider, qui dirigera l'Orchestre symphonique de Cuba où il nous donnera à écouter, notamment des chants patriotiques mais aussi des morceaux du répertoire algérien joué en musique classique. Il est à signaler que le pavillon algérien a été monté par la boîte de communication de Dalila Nadjam (commissaire du Fibda), présente également à la foire du livre de Cuba, en compagnie de Etienne Shroder du festival de la bande dessinée d'Angoulême. Sa présence est justifiée par le rapport de coopération née depuis trois ans déjà via l'Algérie, la Belgique et Cuba. Son nom? L'album de BD Chronikas. Une amitié culturelle est née Au programme également du pavillon algérien, il est à noter une grande exposition photographique relative au patrimoine algérien et la beauté de ses paysages naturels, mais aussi de nombreuses conférences, animées entre autres par l'écrivaine Maïssa Bey «Femmes en écritures», Samy Bencheikh El Hocine mais aussi Mohamed Sari et l'universitaire, le docteur Lebdai Benaouda. Dans son discours, Azzedine Mihoubi réitérera l'importance des relations d'amitié algéro-cubaines qui n'ont jamais cessé, soulignant qu'en plus des activités économiques et sociales, s'ajoute aujourd'hui, celle culturelle grâce à l'inscription cette année, de l'Algérie comme pays invité d'honneur et ce, pour la première fois à Cuba. Dans cette belle forteresse coloniale entourée de vieux missiles, vestiges du passé révolutionnaire de Cuba et c'est accompagné de la brise marine que s'est ouvert donc cette foire en présence des intellectuels, éditeurs et autres écrivains, sous le crépitement des flashs des photographes et autres caméramans qui immortalisaient ce moment historique. A l'entrée, s'opérait une fouille méticuleuse. La sécurité a été renforcée, vous l'aurez compris, pour cause de l'arrivée du président. Ce dernier ne prendra pas la parole. C'est plutôt le représentant du livre au ministère de la Culture qui se penchera longuement sur le rapport très étroit qui existe entre l'Algérie depuis Ben Bella, jusqu'à Bouteflika. Rappelons que le gouvernement cubain a, à cette occasion, pris en charge la traduction de 21 livres algériens, vers la langue espagnole mais aussi le sous-titrage de cinq films algériens. D'aucuns affirment que Cuba accorde un intérêt particulier à la lecture et à l'éducation pour les enfants. Pour cause, la venue de la conteuse Sihem, d'Algérie, pour aller à la rencontre d'enfants mixtes et leur parler de leurs racines, le tout dans une ambiance à la fois bon enfant et pédagogique, tout en s'amusant. A l'instar du Salon du livre d'Alger, la Foire du livre de Cuba est une manifestation très prisée par la population. Plus de 1,5 million de visiteurs est le chiffre qui nous a été communiqué par le ministre de la Culture cubain quant au taux de fréquentation des gens à cette foire. On y vient de partout. On peut rester pour manger mais assister aussi à des concerts, des rencontres d'échanges et de ventes-dédicaces ou simplement passer du bon temps. Car là-bas l'air frais et l'immensité des lieux s'y prêtent parfaitement. Cet événement, le plus incroyable dans le monde de l'édition à Cuba, a été lancé en 1982 et se tenait à l'origine une fois tous les deux ans. Ce n'est qu'à partir de l'année 2000 que ce rendez-vous a pris un caractère annuel. Notons que le pavillon central fait dans les 5000 m². Il est traditionnellement réservé au pays qui reçoit. Même à la tombée de la nuit, Cuba vit et va à la foire, mieux encore, part à la rencontre de la reconstitution de son histoire et de son passé contre l'envahisseur espagnol. D'où le fait que le cinéma est bien suivi. Un tour à la cinémathèque de la ville de La Havane nous a permis de constater cette belle dynamique qui anime cette institution, dont l'enseigne s'intitule Charlie Chaplin. On y apprend, grâce à sa directrice, qu'environ 10 films cubains sont réalisés chaque année. Aussi, lors d'une réunion avec la directrice de la cinémathèque, un échange appuyé a permis de renforcer les liens entre les deux pays, à force de propositions constructives émanant notamment du ministre de la Culture qui a proposé d'organiser prochainement une semaine culturelle et cinématographique cubaine à Alger. L'échange cinématographique renforcé Evoquant le rôle de la formation, il exhortera Cuba à lui envoyer des spécialistes dans les métiers du cinéma, tout en appelant à la mise en place d'une coproduction d'un long-métrage algéro-cubain, qui sera signé par deux jeunes, un Algérien et un Cubain. L'idée que l'un et l'autre viennent dans le pays de l'autre et puisse s'inspirer, dans une totale immersion, de ce pays hôte pour écrire un scénario croisé qui fera découvrir l'Algérie aux Cubains et vice-versa, Cuba aux Algériens. Il est à noter qu'une visite à l'institut du film d'animation a été très instructive dans le sens où il nous a été permis de pénétrer in vivo le monde du digital dans le film d'animation, y compris le mode de fabrication des personnages censés être animés par la suite. Des films qui se font patiemment, dont le nombre varie entre 10 et 12 par an et sont destinés, le plus souvent, à la télévision algérienne. Enfin, il est bon de savoir qu'une visite au Musée national des arts décoratifs a été effectuée également dans la matinée par le ministre de la Culture. Ce musée, une vraie perle de Palais, nous a permis de découvrir le riche trésor que possédait la comtesse Marie Luisa Gomez, acquis entre 1930 et 1940. Et c'est en 1961 que l'Etat cubain a décidé de transformer ce palace en un musée. Construit avec du bois local entre 1924 et 1927, celui-ci revêt aujourd'hui un intérêt capital dans le monde du patrimoine à Cuba. D'ailleurs, à l'occasion de l'inscription de la ville de La Havane comme patrimoine de l'humanité par l'Unesco, tout un programme de restauration a été lancé pour remettre à neuf les constructions vétustes et autres architectures patrimoniales. Cuba semble en effet osciller entre musée à ciel ouvert marqué par des velléités notables vers l'ouverture économique et cela s'en ressent parfaitement. Entre les voitures qui datent des années 50, ces jolies Cadillac roses actualisées qui tranchent avec le vieux bâti, il y a lieu de souligner cette pauvreté qui perdure, mais qui contraste avec ces nouvelles enseignes commerciales telles des magasins d'habillement de luxe et autres marques des plus connues en Europe. Cuba est belle, flanquée d'un peuple, patient, fragile mais solidaire et plein de générosité. Un pays bourré de complexité. Mais c'est ce qui fait son charme.