Quels enseignements pourrait-on tirer des élections partielles de jeudi dernier? A l'image du RND qui vient de s'approprier la commune de Aïn El Hammam, un «patelin» de Hocine Aït Ahmed, traditionnellement acquis au FFS, c'est toute la configuration de la scène politique kabyle qui risquerait d'être chamboulée. Des observateurs au fait de la scène politique kabyle avancent même une réelle répercussion de ces résultats sur les élections locales de 2007. D'ailleurs, le taux de participation de 30% enregistré dans les wilayas de Tizi Ouzou, Bouira et Béjaïa, donnera à réfléchir aux forces politiques en présence. Elles se rendront compte que les thèmes développés lors de la dernière campagne électorale, ne font plus recette auprès d'un électorat saturé par les discours populistes et démagogiques. Le retour en force du FLN et les résultats «surprenants» réalisés par les indépendants, dénotent la volonté des populations d'en découdre avec les formations traditionnelles de la région. D'autant plus que les mandats des exécutifs précédents ont suscité cette tendance au changement. Des citoyens affirment, d'ailleurs, que certains élus locaux ne se manifestent qu'à l'occasion des campagnes électorales, avant de disparaître. Des élus qui, dit-on, «n'ont rien à envier aux élus de l'ère du parti unique». Ainsi, le faible taux de participation enregistré est révélateur d'un ras-le-bol généralisé. Par ailleurs, l'échec du mouvement citoyen à gérer l'après-événements d'avril 2003, les dissensions internes qui en ont découlé et les propos «provocateurs» quant aux circonstances ayant présidé à l'avènement des archs, de la part notamment de la formation de Hocine Aït Ahmed, ont constitué des arguments ayant favorisé la «fuite» des urnes de la part des électeurs. Il est utile de rappeler que pour se préparer à une éventuelle débâcle, des formations politiques n'ont pas hésité à crier à la fraude, avant même que le scrutin ait lieu. Enfin, une chose est sûre: la désertion des urnes par les électeurs servira des forces politiques à l'affût du moindre «faux pas». Elles essaieront à tout prix de se placer en alternative politique, face d'une part au retour du FLN et d'autre part à l'incapacité du FFS et du RCD de mobiliser les masses. C'est le cas de la formation de Amara Benyounès et du MAK de Ferhat Mehenni, qui ne manqueront pas, au cours des tout prochains jours de tirer leur épingle du jeu. D'autres sources font état du parrainage de certaines listes indépendantes par les «partis du pouvoir» ainsi que par le mouvement citoyen ; ce qui n'a pas manqué de leur faire gagner des sièges supplémentaires. A moins de deux années donc des élections locales de 2007, ils mettront les bouchées doubles pour marquer leur présence sur la scène politique kabyle, qui est en passe d'échapper au monopole du FFS et du RCD.