Ce n'est qu'un pas dans la bonne direction, mais un pas de géant quand on considère le chemin politique parcouru depuis le vote entérinant l'exclusion de la Syrie du champ panarabe. La Ligue arabe a, en effet, manifesté haut et fort son «opposition totale» à la présence de troupes étrangères, quelles qu'elles soient en Syrie. C'est le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul-Gheit, qui l'a révélé dimanche soir, ajoutant que tous les membres partageaient la conviction. Aboul-Gheit a consenti cette importante déclaration au terme d'une session dans le cadre de la Conférence sur la sécurité de Munich, en Allemagne. Mais avant que la position de principe ne se traduise dans les faits, eu égard aux conditions réelles dans lesquelles les factions kurdes des FDS-YPG oeuvrent à maintenir une présence américaine, voire celle d'autres pays occidentaux, censées les protéger de l'offensive turque, il faudra observer de quelle manière le rapport entre Ankara et Damas va évoluer. En 1998, la Turquie avait obtenu des dirigeants syriens la conclusion d'un Accord d'Adana, traçant la «solution idéale», après le retrait des troupes américaines en Syrie, solution d'ailleurs appuyée par la Ligue arabe. Ce protocole bilatéral antiterroriste mettait fin aux menaces de la Turquie, à condition que le gouvernement syrien cesse son soutien au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), et n'accueille plus, sur son territoire, son leader Abdullah Ocalan. Les tragiques évènements intervenus depuis 2011 ont changé la donne et il faudra beaucoup de mérite aux négociateurs pour remettre à flot les certitudes mentionnées dans ce document. Si l'on s'en tient aux multiples déclarations du président Recep Tayyip Erdogan et des autres responsables turcs, leur seule et unique préoccupation serait de garantir la sécurité de leur pays face à la menace terroriste kurde et loin d'eux serait la tentation d'attenter à l'intégrité de la Syrie. A priori, il n'existe aucune raison d'en douter, en témoignent la déclaration du dernier sommet entre la Russie et la Turquie, et toutes celles des précédents sommets, au Kazakhstan, en Iran et à Sotchi. Présent en Allemagne à cette réunion sur la Syrie, aux côtés des ministres de la Défense libanais et turc, de l'envoyé américain en Syrie, du vice-ministre russe des Affaires étrangères et de l'envoyé des Nations unies en Syrie, Aboul Gheit aura de quoi motiver les pays membres de la Ligue arabe pour dynamiser leur action et assurer l'intégrité pleine et entière de la Syrie.