Les principaux acteurs de la filière «lait», un éleveur et un producteur, étaient présents hier matin au siège de l'Ugcaa (Union générale des commerçants et des artisans algériens) pour présenter leurs préoccupations et doléances et aussi pour éclairer les journalistes sur l'état des lieux de ce secteur combien vital dans l'alimentation de la population. Cette rencontre avec la presse nationale était rehaussée par la présence de la députée FLN Koraï, qui n'a pas caché son «pessimisme» quant à la solution qu'il faudra apporter à toutes les interrogations des intéressés sans néanmoins manquer de montrer sa satisfaction devant la mission de sensibilisation dont elle se sent investie pour présenter le problème auprès de l'APN qui pourrait éventuellement étudier de plus près la question. Le producteur de lait Kamel Serraï dira, après avoir rappelé brièvement la période anté-industrialisation du produit, que «le lait, partiellement écrémé produit actuellement, est basé sur une matière importée (lait en poudre) et mis sur le marché par une entreprise nationale». En 1995, ce secteur industriel connaît une «libéralisation qui pénalise» la production de lait naturel cru et sa collecte, a-t-il souligné. Il estimera en outre que le secteur de la production nationale de lait cru, qui peut assurer 30% de la consommation locale, gagnerait cependant à être revalorisé vu que sa valeur nutritionnelle est de loin supérieure en vitamines contenues dans le lait reconstitué. La prise en main de ce volet permettra, et de diminuer la lourde facture d'importation de lait en poudre et de générer nombre d'emplois en amont comme en aval aux niveaux de la production, de la collecte et de la transformation. L'unité de transformation devrait également traiter ce produit noble selon les normes internationales requises pour une entrée respectable dans la mondialisation et aussi pour soutenir l'âpre concurrence qui s'annonce dès la levée des taux douaniers concernant particulièrement ce produit. Pour Serraï, le prix de vente «administré» du lait devrait augmenter car tous les «inputs» qui s'y rattachent ont connu une hausse sensible, ne serait-ce que pour le collecteur qui a vu le prix du carburant augmenter sensiblement ou le prix de revient du sachet en plastique d'emballage du lait augmenter sensiblement. «Au prix de revient, actuel estimé par lui, à 24 DA le litre, le prix de vente de 40 DA/l au consommateur serait tout juste». L'éleveur Abderrezak Zerrouki a déploré pour sa part qu'il existe un marché presque informel, pour ainsi dire, du moment que les éleveurs «omettent» de déclarer le nombre exact des vaches laitières qu'il possède de crainte que leurs bêtes ne soient dirigées vers l'abattoir après un contrôle sanitaire ou encore pour échapper au fisc. Il regrettera le prix abusif, selon lui, de l'aliment du bétail qui atteint 2400 DA le quintal, le foin 450 DA/kg sans compter le prix du fourrage, du maïs et du son ainsi que la rareté de l'herbe verte de qualité comme la vesce, produit de choix dans l'alimentation du bétail. Il sera relevé au cours de cette conférence que la matière grasse relevée dans un litre de lait reconstitué, qui est partiellement écrémé, atteint 1,5% par litre soit 15 grammes/litre alors que le lait cru naturel contient pas moins de 34 g de matière grasse au minimum. L'on regrette par ailleurs le manque d'information au sein des éleveurs lesquels, rappelle-t-on, sont tenus de contracter une assurance contre les maladies contagieuses de leur cheptel, une pratique peu suivie. L'UE, a indiqué cet éleveur, exporte les excédents de production de lait vers les pays en développement ou sous-développés et les subventions gouvernementales seront levées dès la fin décembre, ce qui se traduira par une augmentation des prix sur le marché algérien qui a vu le prix de la tonne de lait en poudre grimper de 1850 euros à 2000 euros en peu de temps. L'institut Pasteur vérifie scrupuleusement les normes de qualité du lait importé qui peut être refusé d'entrée si elles ne sont pas conformes.