En 10 années, l'Algérie a basculé dans une ère d'insécurité totale, de trafics multiples et divers. Le banditisme et la délinquance en général ont avec le temps pris des formes diverses. Fini le temps du petit voleur qui s'expose à la colère populaire dans les marchés et autres lieux abondamment fréquentés. Les auteurs de nos jours sont souvent des jeunes superbement habillés qui se fondent dans la foule et qui opèrent par groupe, ce qui les rend plus dangereux. Souvent accro des stupéfiants, ils n'hésitent pas à recourir à la violence pour racketter les honnêtes citoyens et citoyennes surtout. Les victimes sont en majorité la gent féminine qui est délestée de ses objets de valeur comme les bijoux et les portables. Ce qui rend souvent le travail des enquêteurs difficile, c'est la non-dénonciation et le fait que beaucoup évitent de déposer plainte. Les délinquants de leur côté utilisent dans leurs rangs des filles pour atténuer la vigilance des victimes. La wilaya de Bouira, à l'instar des autres wilayas du pays, a vécu une nette recrudescence de ce phénomène pendant la longue décennie noire où les services en charge du dossier étaient concentrés sur la lutte contre le terrorisme. Dans un entretien, le chef de sûreté de la wilaya aujourd'hui à Tizi Ouzou à une question relative au recul du terrorisme, rendra un hommage aux populations qui se sont impliquées davantage dans cette lutte. «Les citoyens en participant aux côtés des forces de l'ordre au combat ont précipité la déchéance des intégristes et réduit la force de frappe des criminels.» La décennie noire a dévié la police de ses vraies missions et permis au grand banditisme de se propager. En 10 années, l'Algérie a basculé dans une ère d'insécurité totale, de trafics multiples et divers. La drogue et ses effets se sont multipliés ces dernières années d'une façon alarmante. 66 affaires relevant de sa vente ou de sa consommation ont conduit à l'arrestation de 88 individus en 2004. La police aujourd'hui est amenée à lutter sur plusieurs fronts. C'est le terrorisme qui a ainsi offert l'opportunité à des jeunes d'agir sans peur. Parmi cette frange, nombreux sont ceux qui rentrent dans les villes après avoir fui la campagne et qui se retrouvent sans aucune possibilité d'emploi. Par le phénomène de la fréquentation ajoutée à la démission des parents, la délinquance a alors pris des proportions alarmantes. L'époque a vu la naissance de techniques directement tirées des trames hollywoodiennes. Récemment à Bouira, un domicile est visité par des voleurs qui s'emparent de la coquette somme de 10 millions de DA. A leur arrivée, les policiers ne remarquent aucune trace parce que les voleurs ont agi d'une façon professionnelle mais malgré cela, la police a fini par dénouer l'énigme. S'agissant toujours des moyens, le portable devenu grâce à la concurrence à la portée de tout le monde est un outil indispensable pour les maffieux. Pour revenir à Bouira, la lutte menée sans répit par les services et l'arrestation chaque mois de plusieurs délinquants donnent des fruits. Les divers vols, trafics de drogue, et autres actes de falsification sont en nette régression depuis 2000. Le bilan du service de la police judiciaire chargé de l'éradication du banditisme fait part de 1 275 affaires dans des délits comme le trafic de stupéfiants, crimes, vols... 1561 personnes impliquées ont été traduites devant la justice. La police judiciaire a aussi arrêté 8 étrangers en séjour illégal sur le territoire national. La police de Bouira qui a été amenée à intervenir dans le rétablissement de l'ordre pendant les événements du Printemps noir, a payé le prix fort avec 75 blessés et la destruction de 15 véhicules en 2001. Si en ville le fléau est largement maîtrisé, les campagnes et villages eux ont connu une augmentation. Le mouvement de protestation qui a touché les régions est de la wilaya est venu semer le trouble en exigeant le départ des gendarmes jusque-là force de l'ordre. Ainsi et rien que pour les affaires liées à la drogue, 66 affaires relevant de la vente ou de la consommation ont conduit à l'arrestation de 88 individus en 2004. Ce chiffre est presque identique à celui de l'année en cours. De nombreux citoyens à l'image de ces campagnards qui depuis des années observent chaque mardi des sit-in devant la wilaya pour récupérer leurs armes, se plaignent d'un manque de sécurité au niveau des petites localités où tout est visé par les bandits qui, souvent, opèrent au nom des terroristes. Le grand banditisme persiste et la région de M'chedallah a connu le démantèlement par deux fois de réseaux nationaux de faussaires. En guise de moyens pour contrecarrer ce fléau, les services de police tentent de se rapprocher davantage du citoyen en ouvrant des brigades dans les daïras. La couverture sécuritaire assurée par la police avoisine les 80 %. L'ouverture de sûreté de daïra à M'chedallah, Bechloul, Birghbalou, Kadiria et prochainement Haïzer, a multiplié par deux le terrain sécurisé. Ces structures rapprochent le citoyen de la police qui axe son travail sur la proximité. La société civile de son côté s'implique davantage en recourant à la mise en place de comités de quartiers et en structurant les jeunes dans des associations. Ce travail de longue haleine est à même de réduire considérablement le champ d'action des dealers et des malfaiteurs en général. Lors d'un passage à Bouira, M.Tounsi Ali disait: «Un Etat ne peut exister sans l'adhésion totale de ses citoyens. La police a été amenée à s'occuper en priorité de la lutte contre l'intégrisme et son éradication. Ses autres missions ont subi les inconvénients de cette priorisation. Maintenant que la paix est revenue, nous nous occuperons de la modernisation, de la qualification, de la professionnalisation de ce corps.»