La criminalité sous toutes ses formes est en effet le nouveau spectre qui hante présentement l'esprit des Algériens. Ce que l'on retient d'emblée de la création du Comité national de coordination des actions de lutte contre la criminalité, décidée à l'issue du Conseil de gouvernement tenu mardi à Alger, c'est d'abord cette volonté, à la fois indéniable et inébranlable, des pouvoirs publics à faire face à un fléau sévissant dans l'ensemble du pays. La criminalité sous toutes ses formes est en effet le nouveau spectre qui hante présentement l'esprit des Algériens, après celui du terrorisme ayant endeuillé, dix années durant, des centaines, voire des milliers de familles. L'Algérie va-t-elle sombrer de nouveau dans la spirale du banditisme et de la criminalité organisée? Que dire alors de la petite criminalité se traduisant par la prolifération au quotidien des vols et des agressions, contre de paisibles citoyens par des délinquants imposant leur diktat dans la majorité des villes d'Algérie? Dans une conjoncture plutôt fertile à l'investissement, sinon à une relance économique certaine dont les résultats seraient palpables d'ici à l'horizon 2009, il est vraiment regrettable, que tous les efforts consentis par les pouvoirs publics soient enrayés par la montée exponentielle de la criminalité. C'est là un fait dont les plus hautes autorités de l'Etat ont pris acte. Et pour cause, la décision de mettre en place un comité national de coordination des actions de lutte contre la criminalité, approuvé en Conseil de gouvernement suite à l'adoption d'un décret exécutif présenté par M.Nourredine Zerhouni, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, en est la preuve édifiante. «Cette mesure s'inscrit dans le cadre des efforts engagés par les pouvoirs publics pour renforcer davantage la lutte contre le banditisme, les différentes formes de trafic, de fraude, de contrebande et d'atteinte à l'ordre public» indique à ce sujet le Conseil de gouvernement dans un communiqué. En outre le même communiqué fait savoir que cette nouvelle structure placée sous l'autorité du ministre de l'Intérieur «regroupe en son sein des représentants des départements de la défense, de la justice, des finances, du commerce ainsi que les services de la douane, de la police, de la gendarmerie et des impôts». Voici donc les secteurs qui sont appelés à combiner leurs efforts pour endiguer le fléau de la criminalité, bien sûr, sous toutes ses formes. A voir plus clair, force est de constater que ces mêmes secteurs sont concernés de près par la montée crescendo de la criminalité. Ainsi, l'on devrait s'attendre, dans le sillage d'une coordination interdépartementale qui se fera jour au sein de ce nouveau comité, à une réglementation plus rigoureuse mise en place par la justice, à un contrôle des transactions commerciales via le concours notamment des cadres des finances, et, enfin, à une mobilisation appuyée des auxiliaires de la justice, à savoir les douanes, la police et la gendarmerie. Rappelons seulement que s'agissant des corps de la gendarmerie et de la police concernés au premier niveau par la lutte contre la criminalité, ces deux institutions de la République ont actionné depuis quelques temps déjà, tout un programme d'opérations visant à atténuer les effets néfastes de la délinquance et des adeptes de la criminalité organisée. Lesquelles opérations se traduisent notamment par la multiplication des descentes répressives, à Alger où dans les autres villes du pays, dans des quartiers « réputés pour leur insécurité et où pullulent les différents trafics». A titre illustratif, notons que pas plus tard que lundi dernier, la sûreté de wilaya d'Alger a effectué sa deuxième descente dans plusieurs quartiers de la capitale. Il en est ressorti, en termes de bilan de cette seconde opération, après celle du 4 février courant, l'interpellation de pas moins de 400 individus dont 37 ont été aussitôt arrêtés et déférés devant la justice. S'agissant de la Gendarmerie nationale, autre institution de sécurité publique, elle a mobilisé ses éléments depuis le début de l'année écoulée pour passer au peigne fin la majorité des métropoles du pays. Ainsi le même type de descentes que celles sus-citées plus haut, a eu lieu aussi bien dans les villes de Maghnia, Tlemcen, Oran, Alger, Sétif et Annaba. Ces opérations ont certes abouti à réduire, un tant soit peu, le degré de nuisance des délinquants dans les zones urbaines, ainsi qu'à resserrer l'étau davantage pour les contrebandiers et les trafiquants, notamment de drogue et de véhicules. Néanmoins, nonobstant les efforts engagés par les corps de sécurité, le taux de la criminalité en Algérie est à la hausse. Tous les clignotants sont au rouge. Et pour preuve, le dernier bilan de la gendarmerie sur l'état des lieux de la criminalité en Algérie abonde en ce sens. En effet, du bilan confectionné pour le seul mois de janvier 2006, il ressort une hausse de +82,5% de la criminalité de droit commun. Cette hausse qui s'explique essentiellement par la multiplication des crimes et délits contre les personnes a enregistré, pour le seul mois de janvier dernier, un pourcentage de +65,6%. Dans la catégorie de la criminalité organisée, le bilan de la gendarmerie fait part du traitement de pas moins de 450 affaires pour cette même période de janvier 2006 au cours de laquelle plus de 560 personnes ont été arrêtées. Quelque 120 immigrés clandestins ont été également écroués durant ce premier mois de l'année en cours, indique encore le bilan de la Gendarmerie nationale.