Plus de 15.000 personnes sont sorties, hier, manifester, soit plus que la dernière fois, réclamant le changement au niveau de la haute sphère du pouvoir, mais aussi au départ du FLN. Des femmes, hommes et notamment des jeunes ont crié «y en a marre», revendiquant parfois le départ du Premier ministre et parfois de Sidi Saïd. Les manifestants qui sont venus de tous les quartiers de Constantine, même les plus reculés pour se rassembler au niveau du centre-ville, occupant tous les axes ont lancé un message de paix, notamment à l'égard de l'Armée nationale populaire pour dire «Jeich Chaâb khawa khawa» (l'ANP et le peuple sont frères). Aucun dépassement n'a été enregistré, malgré le dispositif sécuritaire impressionnant dressé dans toute la ville. L'immense foule a fait preuve d'une grande sagesse, évitant des affrontements. Au niveau de la brèche, devant le centre culturel Al Khalifa au niveau des arcades, la foule était à perte de vue sans aucun incident. Ce peuple qui prouve à chaque fois qu'il est loin d'être inconscient a su gérer sa colère contre une politique qui a trop duré pour eux. S'exprimant à ce propos, beaucoup sont d'accord pour dire que le pays a besoin d'un grand changement. En même temps, ce même peuple refuse aujourd'hui le langage du chantage véhiculé par certains politiciens. C'est la troisième manifestation observée à Constantine, après celle du vendredi 22 février et celle des étudiants qui souhaitent le départ du gouvernement en place. Pour eux, ces commis de l'Etat censés être au service du peuple, ont oublié leur première mission pour ne s'intéresser qu'à leurs petits dossiers d'affaires. «On nous méprise, on n'a aucune considération pour nous, ils ont volé le pays ça doit cesser, car en toute chose il faut savoir considérer la fin», une phrase exprimée par un jeune de 25 ans qui ajoute: «Il est temps qu'ils nous laissent vivre, s'occuper de notre pays depuis des décennies ce n'est que pour eux.» La foule était rassemblée durant plus de trois heures même à l'heure où nous mettons sous presse. Un blocage des forces de l'ordre n'a pas empêché les manifestants d'exprimer leur position, tout en gardant le calme. C'est dire que le mouvement de protestation a été très suivi en ce vendredi avec une mobilisation impressionnante de citoyens qui aspirent à un avenir meilleur et radieux, sans forcément que ça soit un printemps arabe dont des préparateurs comptent en faire usage.