L'ambassadeur d'algérie au Burkina faso décernant le prix Cette cérémonie a eu lieu la semaine dernière en présence de l'ambassadeur algérien au Burkina Faso, le directeur de l'Onda, mais aussi de l' ancienne ministre de la Justice de la République française, Christiane Taubira. Dans le tumulte organisationnel de la 26e édition du plus grand festival africain de cinéma et de télévision au monde, l'on a enfin décidé de remettre le prix Miriam Makeba à qui de droit. Cela s'est tenu, mercredi dernier, soit le 27 février 2019, au niveau du Marché international du film de Ouagadougou. «Nous avons décerné ce prix au Fespaco pour les efforts dans le rayonnement de la culture africaine», a déclaré l'ambassadeur d'Algérie au Burkina Faso, Mohamed Ainseur lors de cette cérémonie. Dénommé Prix international de la créativité et institué par l'Onda, ce prix représente environ 80.000 euros. La Fondation Miriam Makeba de Johannesburg, quant à elle, récipiendaire de 20.000 dollars, recevra, pour sa part, son argent «lors d'une cérémonie qui sera organisée à Alger» nous fera savoir à Ouagadougou, Sami Bencheikh, directeur de l'Onda. Ce prix sera donné à cette fondation pour sa contribution à préserver la mémoire de cette artiste plurielle, engagée dans le combat contre le racisme et la ségrégation. Lors de la cérémonie de remise du prix au Fespaco, le ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme, Abdoul Karim Sango, a salué les efforts de l'Algérie dans l'accompagnement du festival en ces termes: «L'Algérie a fait beaucoup plus que 80 000 dollars pour la présente édition du Fespaco. Et je crois qu'ils ont compris que le désir du Burkina est de faire du Fespaco, un festival de l'ensemble des nations africaines». Le ministre a par ailleurs émis le souhait de voir davantage d'Etats africains s'associer au Burkina Faso pour coorganiser ce festival. L' ancienne ministre de la Justice de la République française, Christiane Taubira, ayant fait l'honneur d'assister à cette cérémonie, a ému plus d'un par son discours à la fois solennel et personnel: «Moi j'ai des rapports très particuliers avec le Burkina Faso. Dialogue interculturel Dans les années 90, parce que je me sentais incapable de venir dans une terre des Hommes intègres après l'assassinat de Thomas Sankara. Le Fespaco est un festival que je regardais avec beaucoup d'affection et de curiosité. Pour moi, c'est le panafricanisme en acte», a-t-elle fait savoir. Pour sa part, le délégué général du Fespaco, Ardiouma Soma, s'est dit accueillir la récompense comme un encouragement dans la suite de la promotion du dialogue interculturel africain. Présente à Ouagadougou, Christiane Taubira a multiplié les sorties à Ouaga, en animant soit des conférences, notamment à l'adresse des étudiants de l'université de Ouaga ou en se faisant bien remarquer aux travaux d'ateliers qui ont eu lieu en marge du Colloque du cinquantenaire du Fespaco. «Confronter notre mémoire, forger l'avenir et pérenniser le Fespaco et les nouvelles formes économiques» étaient les trois thèmes de ce riche colloque. Ayant intervenu durant cette rencontre, Chrisitine Taubira a longuement parlé sur la nécessité de «faire parler le cinéma africain» à l'instar de tous les cinémas du monde. Optimiste, elle est revenue sur tout le chemin parcouru par les peuples africains ainsi que l'influence de la diaspora à travers le monde. Christiane Taubira expliquera comment associer l'esthétique au réel dans les oeuvres cinématographique, ce qui peut être important pour faire rayonner le 7e art africain. Elle exhortera le réalisateur africain ou caribéen à «revitaliser ce qui s'est isolé, fragmenté et sectorisé». Christiane Taubira a également mis l'accent sur la force de la mémoire qui doit se transmettre. En tant que afrodescendante, Christiane Taubira a insisté sur le sens du métissage dont sont issus toutes les diasporas noires, africaine, caribéenne, guyanaise, européenne... «L'Art est une expression engagée!» a-t-elle souligné devant une assistance fort nombreuse, notamment de femmes. Les questions qui font douter D'ailleurs, la place de la femme cinéaste dans le milieu cinématographique africain ou comment reconquérir sa place de femme cinéaste sera le thème de notre prochain festival sur lequel on reviendra plus tard. En attendant, parler de cinéma tout court n'est pas chose aisée quand l'argent vient à manquer. C'est ce qu'elle a souligné lors du deuxième jour du colloque, la militante et ecrivaine Aminata Dramane Traoré qui a affirmé être «folle de rage!». L'ancienne ministre de la Culture et du Tourisme au Mali s'est attardée sur les films Nollywood pour mieux déceler les dérives qu'engendrent de telles productions sur le continent noir.: «Quand on touche aux questions qui nous font douter de nous, de nos traditions, de nos coutumes, il y a de l'argent. Mais quand on veut revenir en force, il n'y a plus de sous», s'est-elle écriée en se posant la question comment se vendre, sans «trouver de solution à proposer». Un regard assez pessimiste, d'autant plus qu'il est asséné durant la célébration du cinquantenaire du Fespaco. Ce qui fera dire à quelqu'un: «50 ans après, beaucoup de choses ont été faites, mais beaucoup reste encore à faire...».