Il s'agit d'un véhicule aménagé comprenant une équipe médico-psychopédagogique. «Un psychobus de proximité viendra en aide aux enfants de la rue si nombreux dans la capitale afin de les aider à se réintégrer dans la société et à atténuer leurs souffrances. Ses activités commenceront au mois de janvier 2006». L'inauguration de ce psychobus de proximité a eu lieu mardi dernier au Palais des raïs au Bastion 23. Il s'agit d'un véhicule aménagé comprenant une équipe médico-psychopédagogique composée de médecins, psychologues, sociologues, éducateurs de quartiers et assistantes sociales et cette structure agit dans les rues pour les enfants de la rue qui échappent à toute intervention éducative. Notons que 500.000 élèves quittent les bancs de l'école chaque année et le nombre d'enfants vivant dans les rues ne cessent de s'accroître. Afin de répondre à la souffrance de l'enfance meurtrie des rues, afin de venir en aide à ces enfants qui vivent dehors et qui se débrouillent seuls, le ministère de la Jeunesse et des Sports ainsi que de nombreuses associations, ont mis en place ce projet. «Les équipes seront chargées de repérer les cas délicats, si la situation de l'enfant demande un suivi, il sera alors transféré au centre de prévention et de psychothérapie de Mohammadia où une équipe pluridisciplinaire le prendra en charge de manière plus approfondie», déclare M.Abidat, président de l'Association pour la sauvegarde de la jeunesse de la wilaya d'Alger. En effet, la rue est un espace complexe. C'est un monde dans un autre monde, avec ses propres lois, ses propres relations, c'est l'illusion d'une liberté totale, c'est une drogue qui attire. Pour les enfants, c'est une jungle de béton, dangereuse parce qu'il y a des coins déserts où règnent la délinquance et la violence, seuls moyens de survivre coûte que coûte. Derrière ces mains tendues pour recevoir quelque chose, derrière ces yeux qui reflètent le désespoir, se cache toujours une histoire d'abandon, de solitude et de frustration. Car les boy Kely ne restent pas moins des enfants, avec leurs peurs, leurs rires et leur formidable énergie et ils ont besoin d'aide. Les différentes associations estiment que le problème est complexe et demande l'investissement et l'énergie de tous. La pauvreté explique en grande partie, la situation des enfants de la rue. «Les enfants de la rue sont des victimes d'un système qui nous dépasse mais contre lequel nous devons lutter ensemble», déclare Me Mahdjoub, directrice d'une association pour la prévention contre la toxicomanie. La première catégorie d'enfants rejetés dans la rue se compose principalement d'enfants qui exercent de petits métiers; vente ambulante ou charretiers mais qui n'y dorment pas car bénéficiant d'un domicile chez un parent, un tuteur ou un ami. La seconde catégorie est celle des enfants qui n'ont plus de contacts réguliers avec leur famille et la rue est devenue leur demeure habituelle. Les rues de la capitale sont les exemples les plus illustratifs. A sept heures du matin, la ville se réveille. Pourtant, sur les trottoirs et les pavés crasseux cachés du centre-ville, on voit des silhouettes qui dorment encore. Groupés à cinq ou six, les uns contre les autres, couchés là, pêle-mêle où le sommeil les a surpris, les enfants de la rue dorment. Expulsés ou enfuis de familles brisées, dans lesquelles on violait tous leurs droits, ces enfants n'ont plus que la rue comme compagne. Et certains ont tout juste six ans. La solitude est leur arme car dans la rue on ne se fait pas d'amis, seulement des camarades de survie. Trahi par ceux qu'ils aimaient le plus, les enfants de la rue n'ont confiance en personne. La faim est omniprésente au début, elle lacère leur petit estomac. Puis l'enfant apprend à l'estomper en inhalant de la colle. Cette drogue atténue tous ses sentiments mais le plonge dans une dépendance dont il est difficile de se libérer. Peur d'aimer, peur de la mort. Surtout, peur aveugle des «escadrons», groupes de policiers en civil qui, la nuit, leur tombent dessus parce qu'ils veulent «nettoyer» les rues. Dans le meilleur des cas, il sera seulement arrêté pendant plusieurs semaines. Pour que ces enfants ne soient pas condamnés à passer toute leur vie dans la rue, l'idée de créer un psychobus de proximité a été la bienvenue. Combien sommes-nous dans notre ville d'Alger, à travers nos «belles caisses» observant les enfants de la rue comme des moins que rien. Dieu seul sait ! Soyons sensibles aux souffrances, aux malheurs de ces innocents et vulnérables victimes de nos injustices, de nos mépris, de notre escroquerie, de notre exploitation éhontée. Quelle que soit la faute commise par un enfant, il ne doit pas être renvoyé dans la rue.