Celle-ci est engendrée par les dernières mutations subies par la société. «Typologie de la violence à travers la société algérienne» était le thème d'une conférence-débat organisée di-manche dernier au centre hospitalo-universitaire Mohamed Nedir de Tizi Ouzou, animée respectivement par le Dr Slimane Medhar, enseignant-chercheur à l'université d'Alger, le Dr Boudarine, psychiatre et auteur d'une enquête sur le stress et praticien au CHU de Tizi Ouzou ainsi que le Dr Medjahed de l'Insp. Le Dr Slimane Medhar, auteur de La violence sociale en Algérie, s'est longuement étalé sur la définition du concept de la violence qu'il considère comme étant «un concept scientifique générique et non politique ou juridique». «Elle est associée à tout fait et geste de l'être humain». L'orateur considère que les indices révélateurs de la violence sont évident. «Ainsi, il y a des pratiques sociales qui sont en rapport avec la violence». Parmi ces pratiques, le conférencier énumère «l'encombrement de l'environnement par les ordures, le bruit qui est une caractéristique nationale, la forme de présentation à l'extérieur et la méchanceté». Passant à la typologie de la violence dans la société algérienne, le Dr Medhar distingue quatre types de violence: la violence environnementale (ordures et insalubrité), violence sociale caractérisée par les mots, les regards et la mimique, la violence physique (brutalités et agressions) et enfin la violence armée. Cette dernière, selon l'orateur, est périodique et ne voit le jour que lorsque des conditions spécifiques sont réunies. Poursuivant son intervention dans le même ordre d'idées, l'auteur de L'échec des systèmes politiques en Algérie, 1999, considère que «la violence armée n'a pas marqué uniquement la fin du siècle et que l'accès au pouvoir au Maghreb s'est toujours fait par la violence». A la fin de son exposé, le Dr Medhar conclut que l'effritement des repères traditionnels de notre société et en même temps son incapacité à en produire de nouveaux favorisent l'apparition de comportements violents dans la société. La représentante de l'Institut national de la santé publique (Insp), le Dr Medjahed a axé son intervention sur la violence subie par les femmes, particulièrement durant la dernière décennie engendrée par les mutations sociales qu'a connues l'Algérie. «Le traitement de la question nécessite une mobilisation de toute la société», souligne l'oratrice. «La violence est indissociable de la notion de plaisir et de désir», c'est la conviction du psychiatre, le Dr Boudarène. Ce dernier porte une grande part de responsabilité à l'Etat dans l'apparition et le maintien du phénomène de la violence car, pour le conférencier, «lorsque l'ordre institutionnel disparaît, c'est la disparition de l'ordre social». Le spécialiste du stress considère la violence comme «insidieuse et à l'origine de troubles psychiques», tout en ajoutant que «le stress engendre des comportement violents». Dans de telles situations, la violence apparaît comme un moyen nécessaire pour atteindre une fin. La conférence a été ponctuée par un débat enrichissant qui a permis au personnel médical, en particulier, d'exposer les problèmes auxquels ils sont confrontés dans l'exercice de leurs fonctions, notamment les comportements de personnes étrangères aux établissements hospitaliers, entre autres les malades et leurs accompagnateurs. L'initiative des responsables du CHU Nedir-Mohamed a été instructive à plus d'un titre au personnel médical et aux nombreux spécialistes et étudiants présents à l'amphithéâtre du centre hospitalo-universitaire.