La période nocturne constitue le véritable casse-tête de l'élite, invitant les manifestants à tout mouvement protestataire. «Demain il fera jour», dit-on. C'est dans la nuit de dimanche à lundi que plusieurs milliers d'étudiants des universités d'Es Sénia, Belgaïd, Igmo et Usto sont, dès l'annonce par Zalène de la candidature de Bouteflika, sortis dans la rue, scandant des slogans hostiles au pouvoir. Ne dissimulant pas leur colère, ils se sont d'abord rassemblés dans le rond-point de Nekkache, avant que la foule ne grossisse pour se lancer dans une marche, toute pacifique, nocturne et sans aucun dérapage, en prenant la destination du quartier Bel Air, très précisément devant l'enceinte abritant le siège de la wilaya d'Oran en traversant la cité Djamel, Hipodrome, Saint-Eugène, etc. Il est vrai qu'une telle marche a été motivée par la candidature «surprenante» de Bouteflika. Toutefois, les manifestants ont jugé utile de se prémunir d'une maturité sensible, en battant le pavé durant plusieurs heures de la même nuit, avant qu'ils ne se dispersent dans le calme total. D'autant plus, semble-t-il, que les appels à la raison lancés à travers les réseaux sociaux ont fini par avoir gain de cause auprès des marcheurs invités à éviter les marches dans la nuit. Hier matin, la journée oranaise a été printanière au sens propre du terme, pleine de couleurs et de mouvements des chalands en quête de la fraîcheur et du soleil printraniers. Les commerces ont ouvert pendant que plus d'une voix use et abuse en lançant, anonymement, des appels à la «désobéissance civile». Les Oranais ne démordent pas dans leurs choix politiques et encore moins dans leurs décisions, malgré leur rejet d'un 5e mandat. C'est ainsi qu'ils n'ont pas répondu à l'appel, d'autant plus qu'il est anonyme, d'où la suspicion de plus des foules. En effet, les rues étaient, certes désertes durant la matinée, mais bondées dès le milieu de la journée, tout comme les bars, les restaurants, les cafés, les marchés et autres grands espaces qui ont ouvert grandes les portes. Le même topo a été relevé dans le début de la fin de la journée d'hier, malgré les débats quelque peu houleux ouverts par des amis un peu partout dans les coins et les recoins de la ville, dont le sujet dominant tourne autour de la lettre de candidature de Abdelaziz Bouteflika. Si les discussions reposent sur le contenu de la lettre, les animateurs pour la circonstance, ne renoncent pas à leurs propositions, en pensant d'ores et déjà, à la suite à donner au mouvement de la rue. Plus d'un estime juste cette synergie juvénile en plaidant pour la structuration et la canalisation de ce mouvement, en vue de se préparer à se lancer dans un front de dialogue avec le pouvoir. D'autres jugent utile de ne rien laisser au hasard, en se mettant de la partie en associant les sages dans la colère citoyenne, en vue d'éviter le moindre dérapage.