Du cœur de la manifestation d'Alger vendredi, les marcheurs ont relayé les multiples appels sur les réseaux sociaux pour une grève générale à partir de ce dimanche. La colère des Algériens ne faiblit pas. Mieux encore, le troisième vendredi de contestation, qui a coïncidé avec la Fête de la femme, a connu un engouement de manifestants nettement plus important que celui des semaines passées. Il n'est plus question de parler de milliers de marcheurs, mais de millions. Ce vendredi 8 mars 2019, le peuple a, définitivement, mis fin aux illusions des adeptes de la continuité et du 5e mandat. Les décideurs, qui voient leurs rangs se fissurer, semblent dans l'expectative. Nul doute qu'ils vont essayer de concocter un nouveau plan, mais il est plus qu'évident que les options qu'ils présenteront seront automatiquement rejetées par la rue. Au-delà des belles images auxquelles a eu droit le monde en ce vendredi 8 mars et qui, de facto, ont discrédité le régime, le peuple, puisque c'est comme cela qu'il faut l'appeler, s'inscrit dans la continuité de son mouvement mais aussi en prenant d'autres formes d'expression. Les communiqués et les prises de position se succèdent pour dire non au 5e mandat et soutenir le mouvement populaire. Avocats, médecins, enseignants, étudiants, chefs d'entreprise…, tous ont rejoint le mouvement de contestation. En plus des manifestations des vendredis, un appel à une grève générale est lancé. Du cœur de la manifestation, à la Grande-Poste, les marcheurs ont appelé à une grève générale, relayant ainsi les multiples appels sur les réseaux sociaux pour une grève générale à partir de ce dimanche (aujourd'hui). Les annonces anonymes devenant plus crédibles que celles identifiées semblent avoir prise sur la population, puisqu'elles ont provoqué une frénésie de l'approvisionnement de denrées alimentaires. Outre cet appel sur les réseaux sociaux, des mouvements citoyens et des syndicats appellent à des rassemblements et à des grèves. C'est le cas de la Confédération syndicale des forces productives (Cosyfop) qui a déposé un préavis de grève de 5 jours pour protester contre le 5e mandat. Ce débrayage, qui s'étalera du 10 au 14 du mois en cours, touchera plusieurs secteurs, à savoir celui de l'énergie, avec les travailleurs du groupe Sonelgaz ; la santé, avec les médecins résidents ; et la justice, avec les avocats adhérant à cette confédération et bien d'autres. De son côté, l'Organisation des avocats de la région de Constantine a annoncé un arrêt de travail dans tous les tribunaux et conseils juridiques, et l'entrée dans une grève ouverte à partir du mercredi 6 mars. Jeudi, un millier d'avocats du barreau d'Alger ont manifesté devant le siège du Conseil constitutionnel, réclamant qu'il invalide la candidature à un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika. L'Union locale de l'UGTA de la zone industrielle Rouiba/Réghaïa, qui a apporté, mercredi, son soutien aux manifestations contre le cinquième mandat, reste un élément très important quand on sait l'impact que pourrait avoir un débrayage dans cette zone. Face à la cécité politique du pouvoir qui continue de faire fi de la volonté populaire, le peuple ne pourra qu'embrasser l'idée de la grève générale qui sera la seule issue pour imposer le changement. Et si ce n'est pas le cas, la désobéissance civile sera une autre option à envisager. D'ailleurs, des appels à la désobéissance civile sont déjà lancés, toujours anonymement, sur les réseaux sociaux.