Les accrochages entre les forces de sécurité syriennes et les terroristes islamistes présumés se sont multipliés ces derniers mois. Il ne se passe plus de jour sans que ne soit fait état d'accrochages entre le groupe présumé islamique des ‘'Jounoud El Cham''(les soldats du Levant) et les services de sécurité syriens. La presse syrienne, plutôt discrète sur les activités de ce mouvement, qui déstabilise de plus en plus le pouvoir autocratique syrien, n'en annonce pas moins épisodiquement la mise «hors d'état de nuire» de présumés terroristes. La Syrie qui a connu plusieurs années de calme après les sanglantes répressions de Homs et Alep (nord de la Syrie) dans les années 70 et 80 donne l'impression d'être de nouveau entrée dans une phase de turbulences avec l'émergence d'un mouvement d'opposition armé (‘'Jounoud El Cham'') et la multiplication ces derniers mois des attentats et les affrontements des militaires avec le groupe terroriste. Le dernier accrochage en date est celui ayant opposé dimanche dernier des militaires syriens au dit groupe armé au nord du pays à Maaret Naaman dans la circonscription d'Alep. Cet affrontement avec ce que la presse syrienne qualifie de «takfiristes» s'est soldé, selon la chaîne satellitaire Al Arabiya, par la mort de huit terroristes. L'information n'a pas été confirmée par les autorités syriennes qui ont gardé le mutisme sur cette affaire que confirment en revanche les témoignages d'habitants de la région recueillis par les agences de presse. Cette recrudescence de la violence en Syrie intervient au moment où Damas fait face à une énorme pression internationale en rapport avec l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafik Hariri. Or, Damas aura sans doute aussi à s'expliquer sur la nouvelle affaire qui a éclaté au début de la semaine dernière au Liban par la découverte d'un charnier à proximité de l'ancien quartier général des troupes syriennes stationnées dans la Bekaa. Découverte macabre qui fait beaucoup de bruit à Beyrouth et a tendance à prendre des proportions inusitées alors que le Premier ministre libanais Fouad Siniora déclare son intention de faire appel à la communauté internationale pour faire la lumière sur cette nouvelle affaire dans laquelle la Syrie pourrait être impliquée. Aussi, les nouveaux heurts signalés notamment dans la région d'Alep, viennent fort mal à propos pour Damas et s'ajoutent aux affrontements de ces derniers mois comme celui du 2 septembre (lors duquel cinq «terroristes» ont été abattus, et des bombes ainsi que des armes ont été saisies lors d'une opération qui a permis, selon les autorités, de contrecarrer plusieurs projets terroristes), et la mystérieuse attaque de juillet dernier à Damas (dont a fait état à l'époque l'agence officielle syrienne Sana! En effet en juillet, des affrontements entre les forces de sécurité et des militants -dont d'anciens gardes du corps de l'ex-président irakien Saddam Hussein et des hommes impliqués dans l'insurrection irakienne-ont eu lieu dans une zone dominant la capitale syrienne) fragilisent le pouvoir de Bachar Al Assad confronté par ailleurs au réveil des Kurdes syriens de plus en plus revendicatifs et aux réclamations par les intellectuels de plus de démocratie (les Kurdes ont été durement réprimés en septembre et octobre derniers alors que plusieurs militants des droits de l'Homme ont été arrêtés ces dernières semaines). Au plan international la Syrie doit faire avec les fortes pressions américaines tant pour ce qui est de l'affaire Hariri, que du fait du « laxisme » de Damas, accuse Washington, aux frontières «passoires» entre la Syrie et l'Irak d'où s'infiltrent, dénonce Baghdad, les «combattants» étrangers qui chercheraient à «déstabiliser» selon le pouvoir irakien, la nouvelle équipe installée par les Etats-Unis après la chute du régime de Saddam Hussein. Il semble que la Syrie - où les attaques terroristes sont plutôt rares, conséquence directe de la main de fer qu'exerce sur le pays la branche syrienne du Baâs - ne soit plus immunisée contre le terrorisme islamiste et doit désormais prendre en compte cette nouvelle donne, quoique Damas tente d'en relativiser l'importance. De fait, aucune information n'a filtré depuis dimanche à Damas sur ce nouveau chapitre de la violence terroriste en Syrie ni sur le nombre de victimes, s'il y en a eu, ni sur la véracité de l'affrontement dont des témoins affirment la réalité. Il n'en demeure pas moins que l'existence du groupe ‘'Jounoud El Cham'' est, elle, manifeste qui s'est révélée à l'opinion publique ces deux dernières années quoique semblant activer par à-coup avec un attentat par-ci, un autre par-là avant de se terrer durant plusieurs mois. Le mouvement Jounoud El Cham (Soldats du Levant, nom arabe de la Syrie) s'est créé en Afghanistan après la chute du régime de Saddam Hussein et est constitué par des Syriens, des Palestiniens (du Jihad islamique) et des Jordaniens liés au chef d'Al Qaîda en Irak, Abou Moussab Al Zarkaoui. Les attaques terroristes en Syrie, un coup de semonce ou nouveau front des «jihadistes» internationalistes?