Les universitaires battent le pavé le vendredi côte à côte avec le reste des manifestants. Le mardi estudiantin s'est-il estompé aussi rapidement après plus d'un mois d'incessantes marches revendicatrices, réunissant toutes les franges de société? À Oran, la vague de la protestation est à son comble depuis le 22 février dernier. Toutes les fractions sociales, les chômeurs, les jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, et les corporations sont, sporadiquement, sorties dans la rue, y compris les étudiants ayant apporté, à leur tour, leur empreinte en se mettant fortement de la partie appelant au départ de Bouteflika et de son système. Rien n'a toutefois changé dans les esprits, malgré la diminution du nombre de manifestations malgré les évolutions politiques qu'a connues la scène politique nationale. La protesta est maintenue, quoique celle-ci n'a pas été perceptible sur le terrain en ce mardi estudiantin. Pour plus d'un, cette absence, constatée de visu, sur le terrain, n'est pas signe d'un quelconque essoufflement du mouvement ni de son affaiblissement. Les étudiants ne sont pas en reste de la population en optant pour les marches de vendredi. Autrement dit, les universitaires se sont joints au mot d'ordre en battant le pavé le vendredi côte à côte avec le reste de la population, les manifestants ayant trouvé juste que cette journée de vendredi soit réservée à la marche loin des esprits corporatistes. Pour plus d'un étudiant, le vendredi constitue la journée réunifiant toutes les couches sociales, revendiquant le droit de la bonne gouvernance. Autrement dit, fini les marches, en rangs dispersés. Mais ce n'est pas tout. Les étudiants descendaient en force dans la rue, affluant de l'Est et de l'Ouest, c'est-à-dire à partir du bloc universitaire de Belgaïd (est d'Oran), et d'Es Sénia (ouest d'Oran). L'occasion s'y prêtait pour manifester. Or, ceux-là sont dans leur majeure partie constitués des résidents des campus universitaires venus d'un peu partout des quatre coins du pays. Autrement dit, les vacances étant, les cités sont actuellement quasiment vides. Mais un tel argument ne tient pas la route, vu que les étudiants et l'université ont, depuis la nuit des temps, été conçus comme un catalyseur des mouvements sociaux. C'est d'ailleurs le cas lors du printemps amazigh du début des années 1980. Là, toutes les donnes ont totalement changé. Les mouvements de masse se faisaient de plus en plus rares. L'actuel système a, depuis son avènement, réussi à parfaire le musèlement de l'exercice politique en le verrouillant, tout en matant l'activisme et l'effervescence portés par les étudiants. Le mouvement du sourire a bien souri à toute la société en éveillant et réveillant les consciences. Ainsi donc, le rendez-vous est donné pour la journée d'après-demain, vendredi, malgré toutes les annonces et les déclarations se faisant un peu partout par les acteurs politiques. Force est de constater que la rue est encore loin d'être satisfaite, malgré la dernière annonce de la Présidence dans laquelle il a été fait état de la démission de Bouteflika, bien avant la fin de son mandat. La rue maintient son mot: «Le départ immédiat et inconditionnel de tous les tenants du système.» «Le ton est à la mise en place de la IIe république, pleine de libertés, et sans eux», dira un avocat.