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Il continue de marquer l'histoire de l'Algérie : Le mouvement populaire du 22 février de A à Z
Publié dans El Watan le 28 - 03 - 2019

Depuis le 22 février dernier, les Algériens vivent une ère historique. Ils respirent un air pur de liberté et de démocratie. Une révolution unique depuis l'indépendance du pays. Un soulèvement qui a désormais ses faits, ses rendez-vous, ses marques, ses scènes, ses acteurs et ses empreintes.
Il a surtout un vocabulaire inédit qui s'enrichit au fil des marches. Cette belle époque a aussi fait (re)naître des expressions «saines», d'une «saveur» originale, d'une qualité «bio», sans «additifs démagogiques» ni «colorants politiques». Les Algériens en raffolent chaque vendredi sans modération. Nous livrons ici un menu non exhaustif, qui sera peut-être bien étoffé lors des prochaines «fournées».
A comme Algérie libre et démocratique, ou «Djazaïr hora démocratia». Slogan vedette et populaire adopté avec amour par tous les Algériens. C'est l'esprit et l'essence même de cette belle Révolution. Ayant marqué plusieurs générations, il rappelle les cris qui résonnent encore dans la mémoire de ceux qui avaient investi la rue contre la dictature du vieux parti unique dans les années 1980, puis contre la menace islamiste dans les années 1990. Il est devenu même un symbole réunificateur qui n'a pas pris une seule ride. Il a même été revitalisé, avec une belle touche juvénile.
B comme BRI. La redoutable et redoutée brigade de recherche et d'intervention s'est fait une popularité sans pareille. Elle revient de plus en plus dans les slogans et les refrains chantés par les manifestants. Si, au début, la référence à ce corps était une manière de dire que le peuple n'a pas peur du chantage exercé par le pouvoir, le discours changera au fil des marches. «Les Tigres noirs» seront vite réappropriés par le peuple pour défier le régime. Une façon de dire : «Nous n'avons pas peur, car même la BRI est avec nous».
C comme Cachir. Le saucisson populaire préparé à base de bœuf est victime d'une mauvaise publicité depuis le sinistre meeting du 9 février, organisé par le FLN pour soutenir la candidature de Bouteflika pour un 5e mandat. Des vidéos ont montré des images désolantes de bagarres pour un sandwich de cachir. Malgré lui, le pauvre cachir est devenu le symbole du FLN et des soutiens de Bouteflika appelés affectueusement «Les chiyatine» (Les brosseurs), en référence à cet objet «innocent» lui aussi, qui signifie «l'allégeance aveugle» au régime. Un objet fréquemment utilisé durant les meetings du FLN. Il est petit et en matière plastique pour les simples militants. Il est grand et métallique pour les cadres, députés, sénateurs et autres ministres. Désormais, l'histoire du FLN s'est enrichie d'un nouveau concept : la culture du cachir.
D comme Dégage. C'est le verbe le plus utilisé depuis le 22 février. Il a battu même des records. Selon le dictionnaire Larousse, ce mot signifie l'action de débarrasser un lieu de ce qui l'encombre, pour le rendre ou le laisser libre. Ce qui correspond parfaitement au contexte actuel. Le lieu encombré qu'on veut libérer est bien l'Algérie. Bouteflika et son frère Saïd sont en tête d'affiche des personnes ciblées. Suivra le très impopulaire Ouyahia, mais aussi des partis comme le FLN. La liste reste ouverte pour accueillir tous les satellites du régime. Cela s'explique bien, car selon les grammairiens, le mot est aussi chargé d'une force explosive qui symbolise le dégoût. Une façon de dire à ceux qui s'accrochent au pouvoir : «Allez-vous-en», «Partez».
E comme Etudiants. Depuis le 22 février, l'université est comme un volcan sous pression. L'explosion n'a pas tardé à gagner les campus pour déborder dans la rue. Les étudiants, qui ont pris le devant de la scène, ont été les plus remarquables, et surtout les plus entreprenants. Sous l'impulsion des marches pacifiques, ils ont été aussi les plus incisifs. La flamme de la mobilisation ne baissera plus, malgré la tentative désespérée du ministre Hadjar qui, en voulant imposer des vacances pour briser le mouvement estudiantin, a soufflé encore plus fort sur les braises. Les marches du 26 février et du 9 mars l'ont confirmé.
F comme Femmes. Timidement présentes le 22 février, elles se feront remarquer de plus en plus une semaine après, avant que leur nombre n'explose lors de leur Journée mondiale, coïncidant avec le troisième acte. Depuis, elles seront les vedettes de ces belles images qui feront le tour du monde. Cadres de l'Etat ou exerçant des professions libérales, universitaires, enseignantes, employées, étudiantes, lycéennes, sans emploi, retraitées, femmes au foyer, jeunes drapées de l'emblème national ou personnes âgées habillées de leurs symboliques mlayas, de leurs magnifiques haïks et de leurs remarquables djellabas, elles ont été la joie de cette Révolution pacifique. Ce sont ces femmes que tous les Algériens aiment voir. Désormais, sans les femmes, les marches n'auront aucun charme.
H comme Hirak. Le mot, né lors des événements populaires du Rif marocain en 2016, est vite adopté et adapté à la cause algérienne. Comme ce fut le cas après la mort tragique du poissonnier marocain Mohcine Fikri, broyé par une benne à ordures en voulant récupérer son espadon confisqué, le «hirak» deviendra la voie symbolique et pacifique pour tous les opprimés. Un mouvement alimenté aussi par la colère d'un peuple décidé à en finir avec ses oppresseurs.
I comme Images. Durant cinq semaines, elles abondent sur les réseaux sociaux et les sites d'information. Des images belles et rebelles qui feront le tour du monde. Certaines sont devenues emblématiques, comme celle de Melissa Ziad, la danseuse posant sur ses pointes au milieu des manifestants, ou encore ces enfants qui serrent la main aux forces de l'ordre et ces femmes qui offrent chaque vendredi des roses aux policiers. L'émotion était aussi présente dans l'image de cet agent de l'ordre qui pleurait à l'intérieur de la cabine d'un fourgon, ou un autre qui n'a pas retenu ses larmes lorsqu'un vieux est venu l'embrasser et le couvrir du drapeau national. On pourra en faire une mosaïque qui suffira pour couvrir toute l'Algérie.
J comme Jeunes. Ils ont en moyenne 25 ans. Ils font leur propre révolution. Infatigables, ils donnent chaque vendredi l'énergie nécessaire à cette immense joie de manifester. Connectés, imaginatifs, créatifs, conscients et tolérants, ils ont réussi à briser cette mauvaise image qui leur collait à la peau. Ils feront aussi la fierté de leurs aînés qui les admirent encore plus en les voyant nettoyer les rues après les marches.
K comme khawa, fraternité revendiquée en direction des forces de l'ordre par un peuple qui a choisi de marcher pacifiquement, sans heurts, continue de marquer les esprits. Elle suscitera le respect du monde entier. Tous les médias du monde attendent désormais le vendredi pour admirer cette fresque d'amour et de solidarité qu'on voit rarement à une époque marquée par la haine et l'intolérance.
L comme Lieux emblématiques. Ils ont donné toute la valeur symbolique au mouvement. Ils ont pour noms la place de la Grande- Poste et la place Audin à Alger, la place des Martyrs à Constantine, la place du 1er Novembre (ex-place d'Armes) à Oran, le Cours de la Révolution à Annaba, les Allées du 20 Août 1955 à Skikda. Des lieux qui portent aussi des noms de martyrs : Hassiba Benbouali, Didouche Mourad, Larbi Ben M'hidi, Amirouche, Mustapha Benboulaïd et la liste est encore longue.
M comme Makache El Khamsa. Il n'y aura pas de 5e mandat. Un message franc et direct adressé par le peuple à Bouteflika depuis le 22 février. Il s'imposera comme la marque déposée de ce mouvement. Sorti de nulle part pour galvaniser les troupes des manifestants, il sera repris en chœur chaque vendredi. Il deviendra le titre d'une nouvelle chanson qui fait fureur sur la Toile.
N comme Nidham. Le système ou le régime est décrié au fil des marches. «Echaâb yourid isqat ennidham» (Le peuple veut faire tomber le pouvoir). Traité de tous les maux, «Aissaba» (Bande), «Khlitou leblad ya serakine» (vous avez pillé le pays, voleurs), le régime est vu comme un corps pourri, gangrené, souillé, corrompu, dont les médecins ont engagé son pronostic vital le 19 mars.
O comme Ouyahia. Depuis sa première désignation en 1993 comme sous-secrétaire d'Etat dans le gouvernement de Rédha Malek, Ahmed Ouyahia vit les moments les plus sombres de sa carrière. Pur produit du système, il a tout fait pour remonter le peuple contre lui. Il est incontestablement le personnage dramatique qui a joué les plus mauvais rôles dans une comédie politique ayant duré plus de vingt ans. On n'exagère pas en disant qu'il est l'un des hommes les plus impopulaires, les plus conspués, les plus haïs dans l'histoire de l'Algérie. Celui qui a provoqué les Algériens en disant : «Affame ton chien, il te suivra», n'aura qu'une unique sortie vers la «poubelle» de l'histoire.
P comme Peuple. C'est une banderole qui a fait le buzz lors des premiers pas de la marche du 22 février : «Un seul héros, le peuple». Un rappel historique de la fameuse sortie des Algériens durant la crise de l'été 1962. Il est le héros incontesté qui a donné une réponse cinglante à tous ceux qui ont prédit le chaos et un scénario à la syrienne.
R comme Roses. Comme pour le jasmin en Tunisie, les roses de l'Algérie sont désormais le symbole d'un mouvement pacifique, qui a fini par arracher tout le respect. Quoi de plus beau que d'offrir des roses à des policiers armés de matraques. Quelle que soit la couleur de cette fleur légendaire, le geste, dans toute sa simplicité, est un message d'amitié, d'amour fraternel, de tendresse et d'affection.
S comme Saîqa. Le nom donné au commando des forces spéciales, groupe d'élite de l'armée ou groupe d'intervention spéciale de l'Ecole d'application des parachutistes de Biskra, ne fait plus peur. Sa rime parfaite avec le nom de Bouteflika a donné tout son charme à cette chanson qui fait fureur sur la Toile. Cela prouve que les Algériens n'ont jamais manqué d'inspiration.
V comme Vendredi. Journée de repos et de prière, le vendredi, jadis terne et morne, est désormais un rendez-vous que les Algériens ne veulent plus rater pour rien au monde. On fait même des kilomètres pour réclamer le départ du régime dans une ambiance de joie et de solidarité, riche en couleurs, en émotions et en bonne humeur, avec une forte dose d'humour à la sauce algérienne.
Des charges de patriotisme explosent chaque semaine dans la rue au rythme des chants, des youyous et au son des vuvuzelas. Même le couscous est présent. Les vendredis de la nouvelle Algérie se suivent, mais ne se ressemblent pas. Et puis, le vendredi commence par la lettre V, qui signifie aussi «Victoire».
Très optimistes, les Algériens commencent à croire vraiment qu'elle est toute proche.


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