Au point où en sont les choses, avec la présidentielle hypothéquée et une scène politique éparpillée, il y a fort à parier que l'Exécutif vivotera encore plusieurs semaines. Le ministre de l'Intérieur a été empêché, hier à Béchar, par des manifestants, d'effectuer une visite de travail dans la wilaya. Cette entrave à la fonction d'un ministre de la République n'est pas une première. Il y a quelques jours, c'était le ministre des Travaux publics qui s'est, lui aussi, vu interdire l'accès à un chantier dépendant de son département, à Aïn Enaâdja, à Alger. D'autres ministres ne sont pas à l'abri de manifestation de citoyens et risquent eux aussi de faire les frais d'un mécontentement populaire à l'endroit du gouvernement Bedoui.De fait, il est fort probable de voir ce type d'action «populaire» se multiplier à travers le pays et réseaux sociaux aidant, le phénomène pourrait prendre une ampleur sans précédent dans les annales de l'institution gouvernementale dans le pays. Objet de critique, voire de railleries dans les marches hebdomadaires, l'Exécutif, dont la popularité était au plus bas au premier jour de son entrée en fonction, évolue en terrain hostile et ne pourrait, à ce titre prétendre à aucune action conséquente, même dans le cadre de l'évacuation des affaires courantes. Doté d'un porte-parole en la personne du ministre de la Communication, le gouvernement n'est pas moins dans une situation que ne lui envierait aucun Exécutif de la planète. Sa première réunion, ayant fait l'objet d'une communication en direction de l'opinion nationale est passée quasi inaperçue. L'ordre du jour, pourtant chargé et expressément orienté sur la préparation du mois sacré du Ramadhan, n'a, pour ainsi, dire, intéressé personne. Le Premier ministre qui, de son côté, s'est contenté d'une seule apparition, au lendemain de sa nomination à ce poste par l'ex-président de la République, est totalement absent des écrans. Et le chahut fait autour de ses ministres n'est pas pour l'encourager à sortir sur le terrain. Noureddine Bedoui, le deuxième des 3B, rejeté par la rue est complètement ligoté par un état de fait qui rend ses décisions, et même tout son gouvernement, caduques, en ce sens où son empreinte dans le quotidien des Algériens est inexistante, et dans la pire des postures qui soient. D'ailleurs, au point où en sont les choses, avec la présidentielle hypothéquée pour les nombreuses raisons que l'on sait et l'éparpillement de la scène politique, visiblement incapable de trouver un dénominateur commun pour dénouer le problème, il y a fort à parier que l'Exécutif actuel a toutes les chances de vivoter encore plusieurs semaines. A moins qu'une surprise vienne le sortir de l'impasse. En attendant, les malheureuses scènes de ministres de la République «chassés» par la foule risquent de se répéter et donner du gouvernement et donc de l'Etat algérien l'image d'une institution faible qu'aucun Algérien ne voudrait voir s'imprimer durablement. Il y va de la crédibilité de la République.