L'équipe gouvernementale a choisi l'option rassurante en multipliant les déclarations sur l'état de santé du président. Le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, a démenti jeudi fermement «les rumeurs insensées, véhiculées par certaines sources étrangères, au sujet de l'état de santé de M.Abdelaziz Bouteflika, président de la République». Cette déclaration intervient après les lectures faites par certains médias français et marocains qui seraient trop alarmistes au goût des autorités algériennes. Il s'agit de contrer ces «rumeurs insensées», selon l'expression même du Premier ministre qui ajoute que, selon les informations qu'il recueille quotidiennement auprès de l'équipe se trouvant aux côtés du chef de l'Etat, y compris le professeur Messaoud Zitouni, «la convalescence du président Bouteflika se déroule de manière parfaite». Il rappelle en outre que «l'absence d'un communiqué médical depuis celui déjà émis par le professeur Zitouni est tout à fait normale; ce même communiqué contenait l'ensemble des indications appropriées et avait, de surcroît, précisé que le chef de l'Etat suit la phase de convalescence prescrite par les médecins». Très confiant sur l'état de santé du président, Ouyahia souligne que «la sortie du président Abdelaziz Bouteflika de l'hôpital du Val-de-Grâce interviendra dans quelques jours». Réagissant aux spéculations du professeur en urologie, Bernard Debré, qui évoquait sur la radio France Inter «vraisemblablement, un cancer de l'estomac», le ministre d'Etat, ministre conseiller représentant personnel du président de la République, Abdelaziz Belkhadem, a déclaré à L'Expression que «la biopsie effectuée sur le président est complètement négative». Celui-ci sera «de retour au pays dans les prochains jours», a-t-il ajouté. Quant au ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, il a affirmé, jeudi, que le président «se porte très bien». Comme il estime que «le retour du président Bouteflika au pays n'est qu'une question de jours et bientôt il reprendra ses activités». Cette déclaration a été faite à l'aéroport Houari-Boumediène lors du départ du premier groupe des hadjis pour les lieux saints de l'Islam. Le même jour, au journal d'El Moudjahid, le ministre des Finances, Mourad Medelci, a précisé que la loi de finances 2006 sera signée par le président de la République «dans les délais». Le ministre d'Etat, représentant personnel du président, Abdelaziz Belkhadem, a indiqué que le chef de l'Etat ne pouvait «signer de décrets en étant à l'étranger». Ce qui insinue le retour imminent du président sur le sol algérien pour reprendre ses activités constitutionnelles. Le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, considère, de son côté, que la santé du président «n'inspire aucun motif d'inquiétude». le président du MSP, Boudjerra Soltani, a déclaré jeudi devant un parterre de militants de son parti que le président de la République «va bientôt rentrer au pays». Comme on le constate, toutes les déclarations sont rassurantes alors que la rumeur de la rue, amplifiée par les médias français, en particulier, tisse des scénarios alarmants et met le citoyen dans une situation d'attente d'une image du président. Car, malgré les assurances du staff gouvernemental, la rumeur est devenue «reine». Le titre est emprunté d'un ouvrage intéressant intitulé La rumeur, reine de médias. le journaliste Capferer tente d'analyser le comportement de la rue quand l'information officielle n'arrive plus à répondre aux besoins des citoyens. C'est le cas aujourd'hui devant l'inédit de la maladie du président. Vu son statut, chaque citoyen est en droit de se poser des questions. Or, il se trouve que les canaux de communication officiels sont frileux parce qu'il s'agit justement de l'état de santé du président. A force de prendre un maximum de précautions, les autorités se trouvent dans une situation d'attente pendant que la rumeur avance et prend le dessus. Le recours à la multiplication des déclarations rassurantes est en soi une position défensive face aux assauts de la rumeur.