Le Premier ministre malien Soumeylou Boubèye Maïga a présenté jeudi sa démission au chef de l'Etat Ibrahim Boubacar Keïta, qui l'a acceptée, selon un communiqué de la présidence. La démission de M. Maïga, en poste depuis près de 16 mois, intervient à quelques heures de l'examen par l'Assemblée nationale d'une motion de censure du gouvernement déposée mercredi par des députés de l'opposition mais aussi de la majorité. Il a présenté sa démission ainsi que celle de ses ministres, selon le texte. M. Keïta «a accepté la démission du Premier ministre et celle du gouvernement, et l'a remercié pour sa loyauté et son sens élevé du devoir», a précisé la présidence. «Un Premier ministre sera nommé très prochainement et un nouveau gouvernement sera mis en place, après consultation de toutes les forces politiques de la majorité et de l'opposition», selon le communiqué. La personnalité du Premier ministre cristallisait les critiques depuis plusieurs semaines, d'influents dirigeants religieux musulmans réclamant notamment son départ. M. Keïta a reçu tout au long de la semaine dernière dignitaires religieux, dirigeants politiques et représentants de la société civile, pour discuter de la situation du pays et leur remettre l'avant-projet de loi de révision constitutionnelle. Ces rencontres faisaient suite à une manifestation de plusieurs dizaines de milliers de personnes à Bamako le 5 avril contre «la mauvaise gestion du pays», notamment les violences intercommunautaires dans le centre. Lors d'une allocution radiotélévisée mardi soir, le chef de l'Etat a assuré avoir «entendu toutes les colères, décodé tous les signaux, compris tous les messages remontant» du pays. Il a annoncé l'ouverture d'une «concertation nationale» du 23 au 28 avril avec «les forces politiques et sociales» sur le projet de révision constitutionnelle qui sera soumis à référendum. M. Keïta est longuement revenu sur la «tragédie d'Ogossagou», en référence à la tuerie le 23 mars de quelque 160 habitants peuls près de la frontière avec le Burkina Faso par des chasseurs dogons. Le gouvernement avait prononcé le 24 mars la dissolution de l'association de chasseurs «Dan Nan Ambassagou» et il a remplacé les principaux chefs d'état-major. Depuis l'apparition, il y a quatre ans, dans le centre du Mali, du groupe armé d'Amadou Koufa, au sein des Peuls, les affrontements se sont multipliés entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon. Au nord du pays, des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l'ONU, malgré l'accord d'Alger dont l'application accumule les retards.