Plusieurs milliers d'habitants du «pays dogon», dans le centre du Mali, ont manifesté jeudi pour réclamer que l'Etat assume ses responsabilités en matière de sécurité, a-t-on appris auprès des organisateurs. Par ailleurs, l'armée malienne a annoncé dans un communiqué avoir repoussé mercredi soir des attaques dans une série de villages de ce secteur. «L'intervention rapide des hélicos FAMa (des forces armées maliennes, NDLR) a mis en déroute les assaillants, pendant que les forces terrestres intervenaient» dans deux villages, selon le texte, faisant état de «la mort d'un civil». Les assaillants ont incendié des maisons avant l'intervention de l'armée, a indiqué Adama Djiguiba, chef d'un de de ces villages. Depuis l'apparition il y a quatre ans dans le centre du Mali du groupe jihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l'agriculture, qui ont créé leurs «groupes d'autodéfense». Ces violences ont culminé le 23 mars avec la tuerie d'Ogossagou, près de la frontière avec le Burkina Faso, de quelque 160 villageois peuls par des membres présumés de groupes de chasseurs dogons. Plusieurs milliers de jeunes Dogons ont manifesté jeudi dans les localités de Bandiagara, Bankass et Koro. Le but de ces marches était de «rappeler à l'Etat sa responsabilité exclusive par rapport la sécurisation du pays dogon. Au lendemain de la tuerie d'Ogossagou, le gouvernement a prononcé le 24 mars la dissolution de l'association de chasseurs «Dan Nan Ambassagou», qui selon lui «s'est écartée de ses objectifs initiaux, en dépit des mises en garde répétées des autorités administratives locales». Le groupe a démenti toute implication dans la tuerie mais son chef militaire, Youssouf Toloba, a rejeté cette dissolution et refusé de «déposer les armes». Depuis mars 2018, les «agressions intercommunautaires» dans la région de Mopti (centre) ont fait quelque 600 morts et des milliers de déplacés, a indiqué le 26 mars le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH).