Il a invité les universitaires et les chercheurs à s'impliquer dans la dynamique du renouveau rural. Comment revitaliser l'espace rural et aménager le territoire? Cette question est revenue tout au long de la conférence intitulée «La politique pour le renouveau rural» qu'a animée hier, le ministre délégué chargé du Développement rural, le Dr Rachid Benaissa à l'INA (Institut national agronomique). A défaut d'un déplacement au fin fond du pays, Rachid Benaissa a choisi l'INA qui célèbre, depuis quelques jours, son centenaire. En présence des étudiants, des enseignants et des responsables de l'institut, le ministre a appelé la communauté scientifique à s'impliquer davantage dans cette dynamique de développement rural. Dans un long exposé, il est revenu sur la dialectique qui a caractérisé le débat sur le milieu rural et le milieu citadin. Deux logiques avaient guidé ces débats qui remontent très loin dans l'histoire, à l'époque romaine. La première porte sur «l'exploitation intense des espaces ruraux fertiles au service d'une certaine caste et le reste isolé et ignoré». La seconde idée insiste sur «la revitalisation et l'aménagement des espaces sans exclusion et sans rejet». Les différents programmes de développement en milieu rural entamés par les autorités depuis l'indépendance à la recherche d'un équilibre n'ont pas tous abouti «sans toutefois nier les acquis des ces programmes comme l'enseignement, l'électrification rurale et d'autres infrastructures». Des politiques qui visaient pourtant de larges franges de la société. Plus de 13 millions de personnes qui représentent environ 1250 millions de ménages répartis sur quelque 948 communes sur les 1540 que compte le pays. Depuis le début des années 90, la conception a changé. La transformation est intervenue avec la déclaration de Barcelone en 1995 puisque depuis cette date il y a eu la séparation entre l'agriculture et le rural. «L'agriculture est entrée dans une logique de commerce et une logique d'entreprise, ce qui est différent du développement rural durable», a expliqué le ministre. En 2000, le président de la République réaffirme que le développement doit toucher toutes les régions. «C'est la première fois depuis l'indépendance, que l'administration s'est adressée directement au citoyen en le considérant comme l'acteur principal», a rappelé M.Benaissa. A Doha en 2003, l'idée de séparation entre le rural et l'agriculture a été fortement réarmée. «En fait, cette idée a été développée déjà depuis 1989 quand les Européens affirmaient que le pilier du développement sera l'agriculture et l'organisation du marché en plus du développement rural durable.» Cette séparation claire et nette des deux mondes, l'agriculture et le développement rural, est ainsi imposée par l'évolution et la mondialisation. Et de ce fait, le milieu rural est devenu un enjeu stratégique à même de faire face au rouleau compresseur de la mondialisation. ¨Pour ce faire, le ministre s'est réapproprié ce slogan: «Penser mondial, régionaliser l'approche et territorialiser l'action.»