Conte soutient la démarche onusienne Sourd aux multiples appels au cessez-le-feu émanant de nombreuses capitales dont celles des pays voisins, comme Alger et Tunis tout particulièrement, Haftar n'a pas manqué, ces dernières quarante-huit heures, d'appeler ses troupes à «redoubler d'efforts pour s'emparer de Tripoli». La tournée engagée hier en Italie, en France et en Allemagne par le président du Conseil présidentiel et Premier ministre du gouvernement libyen d'union nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale, Fayez al-Sarraj, devrait permettre de lever les équivoques intervenues au moment où le maréchal Khalifa Haftar lançait son Armée nationale libyenne autoproclamée à l'assaut de la capitale Tripoli. Ce périple diplomatique a débuté hier matin par une rencontre avec le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte, qui a estimé qu'une stabilisation militaire de la Libye ne serait qu' «apparente» et qu'elle ne saurait masquer longtemps les problèmes réels auxquels est confrontée la société, profondément minée par la crise depuis 2011. Sourd aux multiples appels au cessez-le-feu émanant de nombreuses capitales dont celles des pays voisins, comme Alger et Tunis tout particulièrement, Haftar qui se sait fort du soutien actif de l'Egypte, des Emirats arabes unis et qui semble galvanisé par son entretien téléphonique avec le président américain Donald Trump dont il estime avoir désormais l'appui, n'a pas manqué, ces dernières quarante-huit heures, d'appeler ses troupes à redoubler d'efforts pour s'emparer de Tripoli. Aussi, al Serraj tente-t-il de clarifier la donne auprès de la France accusée ouvertement de double jeu, avec un appui militaire sur le terrain aux forces de Haftar et un discours diplomatique à l'usage de l'opinion internationale. Si en Italie et, à un degré moindre, en Allemagne, il n'y a aucune ambigüité envers la feuille de route pour laquelle le Conseil de sécurité a donné mandat au représentant spécial du secrétaire général de l'ONU Ghassan Salamé, il reste que Paris aura fort à faire pour convaincre aujourd'hui même al Serraj de sa bonne foi. Mais il aura rencontré entre- temps, hier soir, la chancelière allemande Angela Merkel qui lui aura sans doute réiotéré la position de son gouvernement, conforme à celle de l'Union européenne qui, tout comme l'Italie, rejette la perspective militaire. L'argument des pro Haftar, explicité par Donald Trump et la Maison-Blanche peu après l'entretien téléphonique, selon lequel le maréchal incarne à lui seul la lutte intransigeante contre le terrorisme est quelque peu fantoche. On sait dans quelles conditions l'ANL est parvenue à prendre Derna, dans le sud du pays, et avec quels moyens militaires elle a pu s'emparer du croissant pétrolier et mettre à mal les milices de cette région. «Il n'y a pas de perspective militaire qui pourrait garantir la stabilisation du pays. La perspective militaire, dans tous les cas, se ferait au prix de vies humaines, de crises humanitaires et la stabilisation ne serait qu'apparente», avait martelé Giuseppe Conte, à la faveur du séjour d'al Serraj à Rome, avant d'indiquer qu'il compte s'entretenir prochainement avec «le général Haftar» lui-même. Or, celui-ci a beaucoup à faire ces derniers jours puisque l'offensive-éclair dont il était persuadé qu'elle balaierait les forces du GNA, y compris les brigades de Misrata, en quarante-huit heures tout au plus, a déjà bouclé un mois plein et tourne, de jour en jour, à un enlisement alarmant.