Les syndicalistes de cette entreprise se réuniront demain pour arrêter la date et décider de la durée que prendra la grève pour laquelle ils ont opté. La grève est le seul moyen de faire aboutir les revendications et mettre un terme aux «pratiques de non-concertation», estiment les syndicalistes. La décision du recours à la grève a été prise durant la réunion du 30 décembre dernier. Les membres du conseil syndical de la Snta, soutenus par les secrétaires généraux des complexes et unités sous l'égide de la fédération Agro-Man, ont décidé de passer à l'action pour satisfaire leurs revendications. Il s'agit, entre autres, du licenciement abusif de certains travailleurs à contrats déterminés, du refus de la tutelle d'exécuter des décisions de justice ainsi que de la transgression de lois et règlements conventionnels en vigueur. Outre ces revendications socioprofessionnelles, il semble que l'élément moteur de ce combat que comptent mener les syndicalistes, s'articule autour de la non-association du partenaire social par la direction de la société aux différents projets. Cette revendication pourrait susciter un débat national quand on sait que le patron de l'Ugta, Sidi Saïd, a soulevé la même préoccupation après la signature des accords avec l'Union européenne. Rappelons également que la plupart des organisations patronales ont exprimé leur inquiétude face au «manque de concertation affiché par les pouvoirs publics». La grève des travailleurs de la Snta dénote un profond malaise dont les premiers signes sont apparus avec l'affaire du complexe d'El-Khroub. En 1994, le directeur de ce complexe a été arrêté, jugé après deux années de mandat de dépôt. A la même période, un vol de micro-ordinateurs a été signalé dans le même complexe. En outre, ce débrayage intervient suite au mémorandum adressé par le partenaire social au Président de la République ainsi qu'à la tutelle (ministère de l'Industrie légère) en date du 23 décembre dernier. Dans cette correspondance, les syndicalistes ont sollicité l'intervention rapide des concernés pour mettre fin à «la politique de gestion médiocre des affaires de la société par l'actuel directeur». Selon les syndicalistes, aucune réponse n'a été donnée à leur mémorandum dans lequel ils ont également insisté sur les pratiques de marginalisation du partenaire social surtout lorsqu'il s'agit de prendre des mesures qui engagent l'avenir de la société. Récemment, la Snta a signé un accord de partenariat avec Sofinance et Arab Investors. Le projet vise à la création d'une société mixte dont le coût est estimé à 46 millions de dollars. Le capital social sera détenu par la Snta à raison de 51%, Arab Investors (47%) et Sofinance (2%). La réalisation de ce projet permettrait la création de 600 postes d'emplois. L'on croit savoir que le partenaire social n'a pas été associé à ce projet comme le stipulent les clauses de la convention liant le directeur général et le secrétaire général du syndicat. Ces remous risquent d'être préjudiciables à la société, puisque désormais, la Snta n'aurait plus le monopole du marché du tabac. On annonce en effet incessamment l'arrivée de TBC (Tobacco Bentchicou Corporation) qui compte lancer une gamme nouvelle de marques de cigarettes. Les Raïs, Cirta, Bronza et Tassili n'attendent que la promulgation du décret leur permettant d'approvisionner les kiosques.