Les députés aux abonnés absents Akila Rabhi, élue du FLN, s'est ouvertement attaquée à la ministre de la Solidarité nationale Ghania Eddalia, en l'accusant d'avoir détourné des fonds. En guise de soutien au mouvement populaire, celle-ci a refusé de poser sa question. Scène spéctaculaire pour le deuxième jour consécutif à l'APN. Le nouveau gouvernement s'est retrouvé, jeudi dernier, devant un hémicycle fantôme. La séance consacrée aux questions orales, la première du genre dans l'exercice de l'Exécutif fraîchement installé, a été marquée par un boycott sans précédent. Sur les 462 députés, il y avait à peine une quinzaine d'entre eux présents à l'intérieur. Les autres étaient aux abonnés absents. Représentant toutes les tendances confondues, les élus ont été unanimes à suivre le mot d'ordre, à savoir le boycott de la session en guise de soutien au mouvement populaire. «Les choses sont claires, le mouvement populaire réclame le départ des trois B parmi eux le président de l'APN, Mouad Bouchareb, nous ne pouvons que cautionner cette revendication», a déclaré le président de la commission des affaires juridiques. A travers le boycott de toute activité organisée par la direction actuelle, les députés veulent faire pression sur le président de l'APN afin de le pousser à la sortie. Même le fait que ce dernier ait réussi à maintenir la séance des questions orales, il n'a toutefois pas sauvé sa peau. Bien au contraire, les images d'une salle à l'assistance clairsemée ont confirmé à l'opinion publique le divorce entre lui et son équipe. Mouad Bouchareb est lâché même par ses propres collaborateurs, les vice-présidents de l'APN qui l'ont porté, il y a quelque mois à la tête de l'institution. Trois vice-présidents de l'APN et trois présidents des commissions permanentes, appartenant au FLN, avaient signé, mercredi, un communiqué dans lequel ils ont demandé à Mouad Bouchareb de présenter sa démission. Le communiqué en question a été signé par les vice-présidents Mourad Helis, Abderrazak Terbeche et Mohamed Moussaoudja ainsi que les présidents des commissions des finances et du budget, de la santé, des affaires sociales, du travail et de la formation professionnelle, de l'agriculture et de la pêche et de la protection de l'environnement. «Cette démarche s'inscrit dans le cadre des revendications du mouvement populaire, intervenant en adéquation avec les orientations de notre parti, direction et militants, afin de garantir la stabilité de l'APN et le bon déroulement de ses travaux en cette conjoncture que traverse le pays», expliquent-ils dans le communiqué. En guise de soutien au mouvement populaire, la députée FLN Akila Rabhi a même refusé de poser sa question lors de la plénière. «On ne peut pas être contre la volonté des 40 millions d'Algériens qui manifestent chaque vendredi et contestent le gouvernement», a-t-elle affirmé. Celle-ci s'est ouvertement attaquée à la ministre de la Solidarité Nationale Ghania Eddalia. «Les responsables qui se sont succédé à la tête du secteur n'ont pas servi les citoyens, ils se sont enrichis laissant le secteur dans un état critique», a-t-elle proprement dit. Elle a appelé à élargir les enquêtes sur les détournements de fonds et les failles budgétaires relevées par la Cour des comptes. «Les enquêtes sur la corruption doivent toucher tous les responsables qui se sont succédé à la tête du secteur de la solidarité», a-t-elle insisté tout en saluant l'ouverture des enquêtes sur les deux ex-ministres de la Solidarité Ould Abbès et Saïd Barkat, lesquels ont comparu le même jour devant la commission juridique du sénat au sujet de la levée de leur immunité.