Après la réapparition du président Bouteflika, à la télévision algérienne, «il ne reste plus de place pour les spéculations». «Le président de la République va signer la loi de finances cette semaine. Aucun responsable ne peut le faire à sa place sachant que la Constitution ne le permet pas». C'est ce qu'a annoncé hier, le grand argentier du pays M.Mourad Medelci, en marge de la journée d'étude sur la réforme financière, organisée au niveau de la chambre basse du Parlement. Le président Bouteflika sera donc de retour au pays cette semaine, à en croire la déclaration du représentant de l'Exécutif. Ce dernier, pour rappel avait déjà assuré au Forum d'El Moudjahid que la loi de finances «sera signée à temps». Après la réapparition du président Bouteflika, à la télévision algérienne, et le bilan très positif fait par le professeur Zitouni, «il ne reste plus de place pour les spéculations», a affirmé ce dernier, lequel rassure que le «président de la République se porte bien et qu'il n'y a aucune inquiétude sur sa santé». L'on précise que le texte de loi en question, voté par les deux chambres parlementaires, devra entrer en vigueur à partir du 1er janvier 2006. Dans un autre chapitre, les récents scandales enregistrés au niveau de la place semblent amener les autorités concernées «à dévier» le processus des réformes dans le sens de la consolidation et le renforcement des établissements financiers publics. «L'Algérie n'a point le droit à l'erreur. Nous avons perdu trois banques. A mon avis, l'avenir de la place sera assuré par les banques publiques, les banques publiques privatisées et les banques internationales», a déclaré hier, M.Benkhalfa, secrétaire général de l'Association des banques et des établissements financiers, (Abef). Cette préférence pour les banques publiques découle, selon ce dernier, du souci fondamental d'assurer la sécurité de la place, et par là même, la crédibilité du système financier algérien. Cette stratégie tracée sur la prochaine décennie vise aussi à « corriger les erreurs».L'Algérie, qui a ouvert depuis une décennie, le secteur des banques au privé, n'avait pas, pour autant, accompagné ce choix par un cadre juridique et réglementaire à même d'assurer la réussite de cette mutation. Preuve en est. Et selon les propos mêmes de M.Karim Djoudi, la place souffre actuellement de la prédominance des banques publiques. Chiffres à l'appui, il annonce que 96% des crédits à l'économie sont assurés par les six banques publiques, contre 4% pour les 16 banques privées, ce qui «est dérisoire» comme taux de financement. Autrement dit, le secteur privé peine à accompagner les nouvelles orientations économiques du pays basées sur l'ouverture du marché et l'encouragement des PME. Cette prédominance du secteur public constitue, selon les experts, «l'obstacle numéro 1» dans la réforme du secteur. Les banques privées sont appelées donc à se mettre à niveau ou à disparaître. «Il ne restera d'ici la fin de l'année que les banques solvables», nous précise une source bien introduite dans la place. Assisterons-nous à la fermeture d'autres banques? Pour rappel, la dernière intervention de la commission bancaire remonte à une semaine, qui a été sanctionnée par le retrait de l'agrément initialement accordé à l'AIB. Hier, le ministre des Finances a tenu sa promesse faite au mois de novembre sur la loi des finances 2006, en assistant à la journée d'étude sur la réforme financière organisée par la première chambre du Parlement. Mais cette sortie de M.Mourad Medelci n'a pas pour autant, mieux éclairé les députés qui sont restés sur leur faim. La majorité des intervenants ont axé leurs interventions sur les scandales financiers. Sur cette question, le ministre s'est contenté de rappeler que ces scandales remontent à 3 ans. «A l'époque, l'Etat n'avait pas les moyens de détecter les déficiences. Ce qui n'est plus le cas aujourd'hui.» Mais il a tenu à insister que «ces scandales sont loin de constituer des accidents de parcours». Les responsables du secteur financier ont fait hier, l'inventaire du secteur bancaire. Parmi les lacunes citées, l'on cite «la lourdeur du système de paiement, un portefeuille financier public insuffisant, insuffisance des ressources financières». Mais toutes ces lacunes sont rattrapées dans le cadre des réformes rassure-t-il, à travers l'instauration de la bonne gouvernance dans la gestion des banques, l'amélioration de la qualité des clients, la sécurisation des chèques. Concrètement, selon M.Laksaci, le gouverneur de la Banque d'Algérie, plus de «700 agents bancaires sont formés pour lutter contre le blanchiment d'argent», soulignera-t-il, sachant que «la sécurité de la place», constitue «la priorité des réformes». M.Benkhalfa, a précisé qu'un contrôle très rigoureux sera réservé aux transactions financières qui se font en espèces. L'objectif étant de rétablir le chèque. La modernisation du système de paiement verra le jour à partir du premier semestre 2006. La validation des banques se fera, toujours selon ces derniers, dans un délai maximal de 5 jours. Benkhalfa a affirmé en outre, que la place va injecter plus d'un million de cartes bancaires d'ici à la fin de l'année 2006 contre 300.000 cartes circulant actuellement. Parmi «les fruits» de cette réforme aussi, le représentant de l'Abef a mis en exergue l'évolution des crédits à l'économie de 15% en 2006. La même expansion sera enregistrée au niveau du marché des particuliers, et au niveau du financement des PME «qui constitue l'axe fondamental des portefeuilles des banques».