Défiant la nature des acquis, Bouteflika a déjà annoncé la couleur. Trois dossiers des plus épineux attendent le président de la République et auxquels la population tend une oreille attentive. «Le devenir des libertés individuelles», «la réorganisation du champ médiatique, presse écrite et audiovisuelles» et enfin, «la levée de l'état d'urgence». En effet, durant sa campagne électorale, le président de la République, M.Bouteflika n'a cessé de répéter le sort réservé à ces dossiers brûlants tout en jetant quelques «fléchettes» ici et là, sur le traitement réservé à ces volets du jour. Ainsi, «le devenir des libertés individuelles» a été un thème sur lequel M.Bouteflika a mis l'accent. Dans ses propos, on peut déjà déceler qu'un nouveau regard sera porté sur ce volet important de la vie sociopolitique du pays. En effet, si le secteur économique a franchi le pas dans ce domaine avec la politique de l'investissement du capital privé, la «superstructure» doit, en principe suivre toute cette base infrastructurelle. Le président Bouteflika a, à maintes reprises, donné des garanties dans ce sens pour parfaire les structures institutionnelles du pays. La réorganisation de ce secteur vital pour l'épanouissementdu citoyen et surtout pour son développement intrinsèque peut-il trouver forme plus ouverte dans les mois à venir? Le président élu avec un taux des plus élevés, écrasant tout sur son passage, ira-t-il jusqu'à restreindre ce champ des libertés gagnées par le citoyen? Apparemment, les propos tenus au cours de ces meetings ne reflètent aucunement cette volonté. Tout porte à croire que les libertés individuelles trouveront en elles-mêmes leur terrain d'application et ce, dans la philosophie de la loi. L'autre point de la discorde et dont on appréhende déjà les prémices, concerne «la réorganisation du champ médiatique». Le président Bouteflika a été clair à ce sujet. En effet, à chacune de ses interventions, le sujet a été soulevé d'une manière forte et qui laisse perplexe la famille des journalistes. Tout le monde se pose la question sur le devenir de cet acquis, considéré comme un «contre-pouvoir» à certains dépassements à la roublardise, au trabendo politique... le président de la République a souvent mis en exergue que «la presse dite indépendante doit répondre au souci premier des Algériens et non à distiller un message négatif sur notre pays à l'endroit des étrangers». Ainsi, la famille de la presse est avertie des dérapages qui risquent de remettre en cause cet acquis démocratique. Nullement guidé par le dicton «qui n'est pas avec moi est contre moi», M.Bouteflika en homme averti saura comment maintenir cette presse indépendante tout en la forçant de se dégager des méthodes usitées «d'invectives» et de «critiques pour la critique». Pour la télévision, ce média lourd et dont la portée demeure la plus percutante, le président Bouteflika a signifié au cours de ses meetings qu'«elle restera le monopole du pouvoir». En effet, ce média tant convoité demeure un domaine réservé au pouvoir qui a compris très vite sa portée. C'est elle «qui façonne, qui fabrique, qui fait et défait». Pour le président de la République, «on ne peut permettre aujourd'hui à notre unique chaîne de subir le même sort qu'a vécu et continue de vivre la presse écrite.» Un muselage qui ne dit pas son nom et dont les conséquences risquent de faire mal demain. Enfin, la question de «l'état d'urgence» demeure en suspens. «Tant que le terrorisme n'est pas éradiqué sur tout le territoire national, cette loi sera maintenue» ont, tant de fois, rappelé les ministres du président Bouteflika. Ainsi, tout au long de ses discours, le président Bouteflika a indiqué que «l'état d'urgence ne porte aucun préjudice à la circulation du citoyen, mais tant que les poches terroristes existent et persistent dans leurs actes, l'état d'urgence sera appliqué». Ainsi, toutes les spéculations autour de cette situation ne sont que des discours creux et sans lendemain. Il est évident cependant, qu'au terme des cinq années passées des signes avant-coureurs portant surtout sur «la liberté de la presse» ont marqué et donnent une idée de la politique à appliquer demain. Aujourd'hui, aucun contre-pouvoir ni opposition réelle ne peut venir perturber la situation établie. S'achemine-t-on vers une «démocratie de façade» ou «vers un pouvoir absolu» renforcé par un amendement de la Constitution ? Les mois à venir vont éclairer ce citoyen perplexe.