le mouvement populaire maintient sa mobilisation On assiste aujourd'hui à une sorte de rejet mutuel quant aux projets qui émergent au sein du Hirak. Ce phénomène n'aide pas à la cristallisation d'une dynamique homogène et unifiée au sein du mouvement populaire. Le climat politique devient de plus en plus délétère, les perspectives du changement semblent ne pas répondre à l'attente et à l'aspiration générale des populations avides d'un nouvel ordre politique, économique, social et culturel. Depuis la marche historique du 22 février, aucune décantation concrète qui s'inscrit dans la logique d'un changement ayant trait à la nature du système et la transition vers un régime démocratique où la souveraineté soit consacrée concrètement par une volonté populaire qui doit être la source de tout pouvoir, y compris celui de légiférer ou de rédiger une nouvelle Constitution. Ce qui est appelé communément Hirak est traversé par plusieurs conceptions et idéologies disparates et antagoniques, les dynamiques sont différentes et plurielles, ce qui fait dire à beaucoup d'observateurs qu'un mouvement populaire comme celui qui a vu le jour le 22 février, s'il n'arrive pas à s'identifier par rapport au projet grandiose de changement radical du système, finira par verser dans le folklore et le rassemblement, sans que cela puisse cristalliser une démarche et une structure en mesure de canaliser et de structurer le formidable potentiel populaire qui aspire à une véritable révolution, en ciblant les fondements du système en place avec l'idée de renverser le statu quo. Depuis 3 mois maintenant, le mouvement populaire maintient sa mobilisation et continue à investir les espaces publics et les rues du pays dans la perspective d'asseoir les jalons d'une Algérie nouvelle, démocratique et sociale. Certes, personne ne s'attendait à ce que l'élection présidentielle soit annulée, que le président de la République démissionne et que Ouyahia soit évincé de la scène publique avec d'autres symboles de la corruption et la crise politique qui a affecté le pays. Mais le processus est resté stationnaire à cause des interférences et multitudes d'approches qui traversent le mouvement populaire. Il faut dire que le Hirak réclame plusieurs variantes, quant à un changement radical du système. Cette situation n'a pas permis au mouvement populaire de se doter d'une organisation capable de transformer toutes les revendications qui ont trait à un changement politique, économique et social en un véritable programme incarné par une structure qui représente la démarche populaire telle qu'exprimée et qui s'exprime chaque vendredi à travers les grandes marches qui se font connaître dans toutes les villes du pays. Dès que cette approche trouve le chemin vers les larges couches de la société qui est impliquée dans cet élan populaire, l'hostilité commence à céder la place à la détermination et à la mobilisation consciente. On assiste aujourd'hui à une sorte de rejet mutuel, quant aux projets qui émergent au sein du Hirak. Ce phénomène qui n'aide pas à la cristallisation d'une dynamique homogène et unifiée au sein du mouvement populaire est en train d'entraver tout processus en mesure de se proposer comme une alternative concrète, voire un interlocuteur crédible dans le but d'accélérer le processus de changement et engager la dynamique de la reconstruction et de la refonte de l'Etat et de ses institutions. Plusieurs conceptions du changement expriment d'une manière disparate et hétérogène, cette situation n'a pas favorisé et elle n'arrive pas à favoriser une solution consensuelle au sein d'un mouvement populaire où toutes les propositions politiques sont rejetées d'emblée. Même les partis politiques n'ont pas le droit au chapitre, surtout ceux de l'opposition, ils sont rejetés par la rue qui ne veut plus suivre les partis qui sont à leurs yeux, le prolongement du système en place. Cette donne retarde l'issue et aggrave la situation politique, elle ne peut pas être une dynamique qui pourrait se transformer en un saut qualitatif vers un changement politique où le projet de société s'affirme comme choix inéluctable, pour une Algérie qui aspire à la démocratie pluraliste et un Etat de droit. La situation politique ne plaide pas pour une issue qui pourrait rapidement trouver un consensus entre toutes les composantes qui constituent la trame de fond de la société algérienne dans sa diversité. Le Hirak doit sortir des approches qui ressemblent à des sentiers battus pour pouvoir s'arrimer au potentiel du changement, dont il est l'incarnation. Pour ce faire, il faut qu'il puisse bannir l'approche volontariste et unilatérale d'une conception qui rejette tout, sans pour autant proposer un projet ficelé et conçu d'une manière appropriée.