Le lit et le manuscrit sont pour l'auteur de La Nuit des origines, les 2 personnages clés du livre. «Je suis née à Constantine, ville des espaces très intriqués dans lesquels il y a la Médina, la Souika, qui ressemblent aux puces de Saint Ouen. J'ai toujours été attiré par les puces. En m'y promenant je me suis plu dans ce lieu au bout d'un moment, j'ai commencé à regarder, à appréhender les lieux, à découvrir un lieu qui m'a apprivoisé et je l'ai imaginé pour être le lieu de mon roman», a expliqué l'auteur, Nourredine Saâdi comme entrée en matière lors de la présentation, jeudi, de son dernier roman, La Nuit des origines, sorti chez Barzakh. Dans le cadre des activités culturelles de l'association Chrysalide, «La question», un nouveau concept original de décryptage littéraire; ce livre a été analysé sous différentes facettes. C'est avec attention qu'on s'intéresse à l'histoire de cette femme, Abla B., partie s'exiler en France avec pour seul objet, ce manuscrit, seul héritage de ses origines culturelles du Grand Rocher, Constantine, qu'elle tente de vendre. Mais comme la transmutation des espaces est palpable ici, les personnages prennent aussi une nouvelle figuration... Ali, Abel, Jacques, Alain... les histoires s'entrecroisent, même l'amour impossible... Dans cet espace de nostalgie (les puces), Abla découvre un jour chez un antiquaire, stupéfaite, un lit à baldaquin, semblable au sien, laissé à Constantine. L'auteur dit mêler dans son écriture, un air de sensualité dans un univers suranné. «Les objets qui ont un mort, deviennent immortels aux puces. Ce sont des personnages. Il y a ce rapport à cette antériorité». L'auteur avoue avoir un penchant pour cet univers passé qui l'habite même toujours, «cette France, dit-il, qui a existé et que j'ai aimée quand j'étais jeune. Nourredine Saâdi relie ce personnage de Abla aux héroïnes de ses trois précédents romans dont la plupart mènent à la fin. Il y a toujours cet idéal de femme pure mais pas d'intention réelle de ma part à tuer ces femmes. C'est dans le sens de la construction du roman ». Selon l'auteur, le lit et le manuscrit constituent les deux personnages essentiels qui ouvrent le livre. «Ce sont 2 objets symboliques. On est nés dans la nuit et dans un lit et nous sommes toutes des enfants d'un texte...». Ce mystère de la mort renvoie, selon l'auteur, dans la psychanalyse à l'inconscient. M.Nourredine Saâdi dévoile cette anecdote: «L'histoire du lit est partie d'un fait réel, vrai... J'ai acheté un lit sur lequel la veille, une vieille dame est morte.» A propos de l'épilogue qui clot cette histoire, Nourredine Saâdi dira qu'il fallait que le manuscrit soit mis sur le cercueil pour qu'il retourne en Algérie, vers l'origine mémorielle. Ecrit dans un rythme fracassé, pour rendre compte, nous explique-t-on, de la structure mentale de l'auteur qui rend compte du décor de son imagination entre Constantine, la ville de son enfance et les puces de Saint Ouen, lieu réel mais totalement réinventé. «Le roman La nuit des origines est traversé aussi de ce présent idyllique qui rompt les frontières dans une scène d'amour belle et sensuelle qui pourrait sous-tendre la métaphore de l'exil impossible où seul cet instant qui compte fait refaire le temps et l'espace. Nous sommes tous marqués par quelque chose qui est symbolique et qui est finalement la nuit de nos origines», avoue l'auteur. Vivant et travaillant à Paris où il enseigne le droit et dit pratiquer, au demeurant,un «exil heureux», Nourredine Saâdi est auteur de deux romans aux éditions Albin Michel, Dieu le fit (1996) et La maison de lumière (2000). Il a également publié deux monographies d'artistes, l'une consacrée à Rachid Koraïchi (Acte sud, 1998), l'autre à Denis Martinez (Barzakh et le Bec en l'air, 2003).