Le premier livre proposé est intitulé Isabelle Eberhardt et L'Algérie (550 DA), signé par Khelifa Benamara. L'auteur invite le lecteur à découvrir le personnage énigmatique d'Isabelle Eberhardt. Morte le 21 octobre 1904, emportée par la crue à Aïn Sefra, Isabelle était détentrice d'une double culture : la culture enneigée de sa mère et la culture ensablée de son pays d'accueil. Habillée toujours en homme, Isabelle était fascinée par l'Islam. Elle apprit l'arabe et entra dans l'ordre mystique des qadrya. Elle fut également une talentueuse écrivaine et journaliste. A travers cette version de la vie et de l'œuvre d'Isabelle Eberhardt, Khelifa Benamara livre une biographie captivante. Ce dernier est né et a vécu une partie de sa vie dans l'habitation même où elle mourut. Il raconte « les pérégrinations d'Isabelle, ses amours, sa foi, ses erreurs, sa solitude. L'écriture est sans complaisance. Enflammée, alerte, elle dit la fascination, mais surtout l'attachement qu'inspire cette jeune femme au destin peu ordinaire », lit-on en quatrième de couverture. Après le Palestinien, Habib Ayoub propose son dernier-né Vie et Mort d'un citoyen provisoire (450DA). Dans ce livre fascinant, on est, avant tout, en face d'un auteur en colère. D'emblée le décor est planté, la barbarie septentrionale, rappelant tant l'Algérie d'aujourd'hui, est mise en exergue. Ainsi, on retrouve Omar, un jeune qui rêve de partir en Australie, « ainsi que la cohorte des “enfants de la tempête”, tous les gueux et laissés pour compte auxquels rend hommage ce roman poétique, enragé et à l'humour débridé ». Nourredine Saâdi propose quant à lui un roman intitulé La Nuit des origines (400 DA). Le livre s'ouvre sous le signe de l'étrangeté. Exilée en France, Abla découvre un beau jour chez un antiquaire un lit à baldaquin, semblable au sien laissé à Constantine. Dès lors, des histoires croisées se tissent entre des êtres et des choses, des personnages et des objets, le tout sur un fond d'amour impossible. Nourredine Saâdi plante le décor de son imagination entre Constantine, la ville de son enfance et les puces de Saint-Ouen, un lieu réel mais totalement réinventé, tel un pays des merveilles. Le dernier livre proposé est coédité par Le Bec en l'air et les éditions Barzakh. Alger 1951, Un pays dans l'attente (1500DA), est un beau livre, dont les photos sont signés par Etienne Sved et les textes sont de Malek Alloula, Maïssa Bey et Benjamin Stora. En mars 1956, le photographe d'origine hongroise Etienne Sved arrive au port d'Alger en provenance de Marseille. Après avoir parcouru la capitale, Sved prend la route en direction de la Kabylie, puis des Hauts-Plateaux, jusqu'à l'oasis de Bousaâda. Photographe discret, Etienne a immortalisé des clichés en noir et blanc d'une valeur inestimable. Le style du photographe s'impose « par cette qualité qui distingue son œuvre : la vigueur des compositions graphiques qui n'empiètent jamais sur l'authenticité, ni l'acuité du regard ».