L'Iran, sous la menace de nouvelles sanctions occidentales, décide de ne pas se laisser faire. Téhéran se défend avec les armes dont elle dispose. La plus puissante est indéniablement sa mainmise du le détroit d'Ormuz. Des déclarations motivées par des menaces de sanctions des Etats-Unis et de certains pays occidentaux contre les exportations pétrolières de Téhéran en raison de son programme nucléaire. Elles ont atteint leur but, faisant grimper le cours du dollar et de l'or noir. Ormuz joue, en effet, un rôle vital dans le trafic pétrolier : environ 40% du fret maritime pétrolier mondial, dont l'essentiel de la production des pays du Golfe, passe par ce couloir très étroit. L'Iran, deuxième producteur de l'Opep, les autres pays du Golfe, notamment l'Arabie Saoudite, le Koweït, l'Irak, le Qatar et les Emirats arabes unis, exportent une partie de leur pétrole par ce détroit. Les Etats-Unis, qui voient leurs importations pétrolières menacées, haussent le ton affirmant que ce procédé n'était pas tolérable. Le général Hassan Salami, numéro deux des Gardiens de la révolution, la force d'élite du régime iranien, a rejeté jeudi les mises en garde américaines contre la fermeture du détroit, soulignant que l'Iran agirait avec détermination «pour défendre ses intérêts vitaux». Mardi, le vice-président iranien, Mohammad Reza Rahimi, a affirmé qu' «aucune goutte de pétrole ne transitera(it) par le détroit d'Ormuz» si les pays occidentaux adoptaient des sanctions contre les exportations pétrolières de l'Iran en raison de son programme nucléaire controversé. Le lendemain, le commandant de la marine iranienne, l'amiral Habibollah Sayyari, a souligné qu'il était «très facile» pour l'Iran de fermer le détroit, tout en estimant qu'une telle mesure n'était pas nécessaire pour l'instant. Réagissant à ces déclarations, Washington a mis en garde Téhéran, mercredi soir, en affirmant qu'«aucune perturbation du trafic maritime dans le détroit d'Ormuz ne sera tolérée». Les américains maintiennent, rappelons-le, dans le Golfe une présence navale puissante, avec notamment la Ve flotte, basée à Bahreïn. «Lorsque les intérêts vitaux de l'Iran sont menacés, nous répondons à la menace par la menace (en mettant) en œuvre notre stratégie de défense» sans attendre la «permission» d'autres pays, en particulier des Etats-Unis, a répliqué le numéro deux des Gardiens de la révolution. En dépit de ces déclarations belliqueuses, l'armée américaine n'a fait état d'aucune tension avec les forces navales iraniennes jeudi. Les navires des deux pays patrouillent dans la région. Deux navires de guerre américains ont, d'ailleurs, traversé le détroit d'Ormuz sans problème, a annoncé la Marine américaine jeudi. Le porte-avions USS John C. Stennis et le croiseur lance-missiles USS Mobile Bay «ont fait un passage de routine programmé à travers le détroit d'Ormuz» mardi, a déclaré un porte-parole de la Ve flotte américaine Rebecca Rebarich. L'armée iranienne avait signalé un peu plus tôt qu'un de ses avions de surveillance avait «identifié un porte-avions américain dans la zone des manœuvres où sont déployés des navires iraniens». «La marine iranienne observe et surveille tous les mouvements des forces (étrangères) dans la zone», a souligné l'amiral Mahmoud Moussavi, porte-parole des manœuvres navales iraniennes, ajoutant : «Nous conseillons aux forces étrangères non régionales de prendre au sérieux nos avertissements» de ne pas entrer dans la zone des manœuvres, conformément aux règles internationales. L'Iran a commencé samedi dix jours de manœuvres navales autour du détroit d'Ormuz, qui s'étendent sur 2000 km2, ce qui en fait les exercices les plus étendus jamais organisés par Téhéran. Les Iraniens veulent simplement bien faire comprendre aux Occidentaux qu'ils ont les moyens de répondre si un embargo était décidé.Les marchés pétroliers surveillent de près les tensions autour du détroit qui pourraient affecter lourdement les prix du pétrole en cas de conflit ouvert. Les conséquences seraient visibles sur l'ensemble de l'économie mondiale. Vu la situation actuelle et les chiffres du chômage, notamment en Europe, il ne serait pas souhaitable d'avoir encore en plus des complications sur le marché pétrolier et sur les prix du baril. G. H./Agences