Le général de corps d'armée parle de «concessions réciproques», mais dans la légalité et le respect de la voie constitutionnelle. Le militant Samir Belarbi a accueilli favorablement l'appel au dialogue lancé, hier, par Ahmed Gaïd Salah depuis Tamanrasset. L'activiste a rappelé qu'«adopter la voie du dialogue sérieux, rationnel, constructif et clairvoyant, qui place l'Algérie au-dessus de toute considération», comme le dit le général dans son discours, est justement une revendication du peuple depuis le début de la révolte populaire. Pour cet activiste politique, l'ouverture d'un débat auquel prendront part les personnalités et les élites nationales doit se faire, mais «avec le pouvoir réel et après la démission de Bensalah et Bedoui». Samir Belarbi n'est pas le seul à avoir applaudi le soutien qu'apporte l'Armée au mouvement populaire. Il n'est pas le seul également à avoir applaudi l'appel au dialogue, mais non pas avant que les deux «B» ne présentent leurs démissions. Pour quelle raison le chef de l'Etat intérimaire et son Premier ministre doivent partir? C'est simple: parce que des millions d'Algériens continuent d'exiger le départ de toutes les figures de l'ancien régime dont les «B», conspués chaque vendredi. Ils refusent d'hypothéquer leur avenir et le mettre entre les mains de ceux qu'ils accusent d'avoir cautionné la fraude de par le passé. De plus, Abdelkader Bensalah a échoué dans la seule mission pour laquelle il a occupé l'intérim du chef de l'Etat, à savoir organiser une élection présidentielle. Sauf mauvaise lecture du discours du vice-ministre de la Défense, ce dernier n'a nullement laisser entendre que les deux B vont quitter leurs fonctions. Bien au contraire. Ahmed Gaïd Salah parle de la disponibilité «de tous à s'entendre et s'écouter mutuellement, avec pondération, sérénité, engagement». Qu'englobe le «tous»? Plus loin, le général de corps d'Armée évoque les «concessions réciproques pour le bien du pays» afin d'«outrepasser les divergences entre les différents avis, ou du moins on réduit les écarts entre les points de vue contradictoires et contrastés». Ce qui laisse penser un moment que le général a peut-être accepté d'accompagner la révolution du peuple durant une période de transition. Loin de là, Ahmed Gaïd Salah campe sur sa position et ne semble pas vouloir accepter que l'Algérie puisse quitter la voie constitutionnelle. En effet, vers la fin de son discours d'hier, le chef d'état-major souligne que la priorité est d'aller vers un dialogue qui «assure la voie vers la tenue de la prochaine élection dans les plus brefs délais possible, loin, et je le dis, de périodes de transition aux conséquences incertaines, car l'Algérie ne peut supporter davantage de retard et de procrastination». Et donc, le général refuse la transition et exige de trouver «un consensus et un compromis sur l'impératif de l'organisation de l'élection présidentielle, le plus tôt possible» voire même en juillet puisque aussi surprenant que cela puisse être, Ahmed Gaïd Salah continue d'affirmer que comme «rien n'est impossible», «l'Algérie attend une sortie légale et constitutionnelle». Et pourtant, du moment que l'élection ne sera pas tenue le 4 juillet, le pays a déjà quitté la voie constitutionnelle. Mais il peut rester sur une voie parallèle en optant pour une personnalité consensuelle pour remplacer Abdelkader Bensalah qui devra convoquer à nouveau le corps électoral juste avant la fin de son mandat, offrant ainsi à l'Algérie, une nouvelle période de 3 mois pour organiser la présidentielle sans sa présence.