Un ténor de la presse écrite sen va Membre fondateur du Soir d'Algérie, celui qui a pris les rênes de ce prestigieux journal depuis 1999, était connu tant pour ses qualités journalistiques que humaines. Un grand Homme s'en va! La nouvelle est tombée comme un couperet en ce deuxième jour de l'Aïd el F'itr. Fouad Boughanem, l'un des piliers de la presse nationale, a tiré sa révérence à l'âge de 65 ans. «J'ai l'immense douleur de vous annoncer le décès, ce matin, de mon frère Fouad Boughanem, directeur général du Soir d'Algérie», a annoncé sur sa page Facebook Nacer Belhadjoudja, directeur de la rédaction du même journal. La nouvelle du décès s'est propagée comme un traînée de poudre. Collègues journalistes, personnalités publiques et citoyens lambda ont exprimé leurs sincères condoléances aux membres de la famille. Les bureaux du Soir d'Algérie, ainsi que le domicile du défunt ont été pris d'assaut par ses proches, ses amis et les membres de la corporation journalistique. Une grande et immense tristesse régnait. Personne ne pouvait sécher ses larmes. Il était très difficile pour ses collègues et les membres de sa famille de dire quelques mots. «On n'arrive toujours pas à réaliser qu'il nous a quittés», souligne Mohamed Bouchama, journaliste sportif qui a commencé l'aventure du Soir'' dès les débuts dans les années 1990. Mohamed Bouchama qui parle d'un frère, voire d'un père, ne peut pas retenir ses émotions. Il s'évanouit presque avant de s'excuser pour sécher discrètement ses larmes. Badreddine Manaâ, le rédacteur en chef du journal prend son courage à deux mains pour nous parler de cette grande plume au grand coeur. Les larmes aux yeux, Badreddine rappelle que le défunt, père d'une fille, était né en août 1954. «Il a commencé sa longue carrière très jeune au niveau de L'Unité, journal de l'Union de la jeunesse algérienne (Unja)», assure-t-il. «Fouad a ensuite rejoint le Quotidien Horizon dans ses débuts qui portait alors le nom, de Horizon 2000. Il faisait partie de la première équipe», souligne-t-il. «En 1990, avec l'ouverture du champ médiatique il décide avec quatre de ses camarades de lancer le journal de l'après-midi qui portera le nom du Soir d'Algérie. Il prend la tête du journal en 1999», poursuit-il, non sans rappeler les positions fortes qu'a pris le défunt durant sa longue carrière dans la presse, notamment en tant que DG du Soir d'Algérie. Des positions qui avaient failli emmener en prison ce coriace opposant au pouvoir de Bouteflika, tout en menaçant l'existence même du journal. En 2003, le directeur de publication du journal Le Soir d'Algérie avait d'ailleurs été condamné en compagnie du chroniqueur Hakim Laâlam à deux mois de prison ferme et 250.000 dinars d'amende pour offense au président de la République. Le quotidien qu'il a dirigé a également subi d'énormes pressions économiques, en étant privé de la manne publicitaire étatique durant des années. Malgré toutes ces difficultés, il aura réussi à sauver le journal dans un moment où les journaux disparaissaient les uns après les autres. Mieux, il aura réussi à le maintenir parmi les meilleurs canards de la presse nationale. «Il aura été de tous les combats, il s'est battu contre la maladie qui aura eu raison de lui», regrette Badreddine qui n'arrive pas à retenir ses larmes. Ce fervent défenseur de la démocratie et la liberté de la presse a été inhumé dans l'après-midi d'hier (après la prière d'Al Asr) au cimetière de Dély Ibrahim près du domicile familial. Une foule immense est venue rendre un dernier hommage à celui qui était connu tant pour ses qualités journalistiques que humaines. «Un homme d'une simplicité et d'une gentillesse déconcertantes. Tout le monde était ses frères», racontent unanimes les présents aux obsèques. Le hasard a voulu qu'il rende l'âme le même jour qu'un autre patron de la presse nationale, à savoir Hassen Bachir Cherif. Qu'ils reposent en paix!