La députée Hanane Achraoui a été empêchée par la police israélienne de faire campagne à Jérusalem-Est Le coup d'envoi de la campagne électorale pour le scrutin législatif du 25 janvier a été donné hier dans les territoires palestiniens occupés de Cisjordanie, de la bande de Ghaza et à Jérusalem-Est. Dans cette ville, la police israélienne a empêché la députée Hanane Achraoui de faire campagne, provoquant le premier incident d'une campagne électorale palestinienne qui s'annonce par ailleurs difficile. Beaucoup de personnalités palestiniennes ont choisi des lieux symboliques pour entamer leur campagne conscientes de l'importance du rendez-vous du 25 janvier en ces moments particulièrement éprouvants pour les Palestiniens toujours en butte aux exactions de l'armée d'occupation israélienne. Ainsi, le Fatah a symboliquement débuté sa campagne électorale à partir du tombeau du défunt président Yasser Arafat dans l'enceinte du QG de la Mouqataâ à Ramallah. Hanane Achraoui, comme indiqué plus haut, a choisi la ville symbole d'Al-Qods pour entamer sa campagne au nom de la liste de la «Troisième voie» du ministre des Finances Salam Fayyad. Le principal rival du Fatah pour ces législatives, le Hamas, a commencé, sans surprise, sa campagne dans la bande de Ghaza où il y est solidement implanté. Moustapha Barghouthi, autre forte personnalité palestinienne, portant la liste «Palestine indépendante» est entré en course à El Khalil où il s'est fait interpeller par la police israélienne. Soulignons que M.Barghouthi, un notable palestinien, a été l'adversaire malheureux de Mahmoud Abbas pour la présidence de l'Autorité palestinienne. Aussi, l'intérêt du scrutin sera marqué par la présence, pour la première fois d'une formation islamiste, le Hamas, qui dispute le leadership au Fatah. Un Fatah qui se présente pour sa part quelque peu amoindri par les divisions qui l'ont secoué ces derniers mois avec comme première conséquence le cuisant échec aux élections municipales de décembre dernier en Cisjordanie. Décidé à garder le monopole du pouvoir -à tout le moins la majorité- lui donnant de conserver la haute main sur l'Autorité palestinienne, qu'il drive depuis plus d'une décennie, le Fatah a décidé -le temps d'une campagne?- de mettre ses querelles entre parenthèses pour ne se concentrer que sur les futures législatives en présentant une liste unique au scrutin du 25 janvier. Le directeur de campagne du Fatah est le vice-Premier ministre Nabil Chaâth, ce qui indique combien le vieux parti d'Arafat est décidé à se battre et à retrouver sa primauté. Déterminé à disputer le leadership au Fatah et à lui contester son hégémonie sur les affaires des territoires palestiniens, le Hamas s'emploie, pour sa part, à ratisser large, mettant, d'ores et déjà, en garde contre un éventuel report des élections du 25 janvier. En effet, le mouvement islamique palestinien estime que la situation dans les territoires palestiniens ne lui a jamais été aussi favorable qu'elle l'est actuellement et que c'est le moment pour lui de frapper un grand coup en faisant son entrée au Parlement. L'une des têtes de liste du Hamas à Ghaza, Ismaïl Hanniyeh lors de sa campagne à mis hier en garde contre un report des élections car, affirme-t-il, le Hamas, «utiliserait» la prochaine assemblée comme une «tribune pour protéger la Résistance» contre Israël. «Nous ne pensons pas qu'un report du scrutin tel que l'envisage le Fatah soit la bonne solution. Il crée au contraire une incertitude sur l'avenir», a indiqué par ailleurs M.Hanniyeh qui ajoute que «Le Hamas agira en fonction des intérêts du peuple palestinien jusqu'au 25 janvier», laissant ainsi entendre que le mouvement, qui ne se considère plus lié par une trêve des attaques contre Israël, éviterait toutefois de perpétrer des attentats en cette période électorale. Mais, hors ces poids-lourds que sont le Fatah et le Hamas, d'autres candidats regroupés dans des listes, ou indépendants, veulent aussi tenter leur chance lors du scrutin du 25 janvier. Parmi ces candidats, la liste menée par l'homme politique palestinien qui monte, Salam Fayyad, apparaît comme la plus crédible et ayant le plus de possibilité de se frayer une place dans le prochain Parlement. En effet, outre M.Fayyad, la liste dite de la «Troisième voie» compte dans ses rangs une grande dame palestinienne, Hanane Achraoui, qui a fait partie de l'équipe des négociateurs palestiniens en 1990. Mme Achraoui en choisissant de débuter sa campagne à Al-Qods savait que cela ne sera pas facile comme l'a montré l'obstruction qui lui a été faite par la police israélienne qui l'empêcha de faire campagne. Réagissant à l'empêchement fait à Mme Achraoui, le Premier ministre palestinien Ahmed Qoreï a réitéré que «les élections n'auraient pas lieu sans Jérusalem» et de déclarer: «Jérusalem est une ville occupée et tous les candidats doivent pouvoir y faire campagne librement» M.Qoreï souligna par ailleurs: «Il ne s'agit pas seulement de permettre aux Jérusalémites de se rendre aux urnes mais d'autoriser aussi les candidats de faire de la propagande électorale sans entraves». Ces dernières semaines, le président palestinien, Mahmoud Abbas a, à maintes reprises dont la dernière lundi, rappelé qu'il suspendrait les législatives si les Palestiniens de Jérusalem n'étaient pas autorisés par Israël à y participer. De fait, faisant courir le chaud et le froid, Israël n'a toujours pas arrêté sa décision pour ce qui concerne la campagne électorale et la participation des Palestiniens de Jérusalem-Est. La campagne électorale s'achèvera le 23 janvier prochain. Notons par ailleurs la présence à Ghaza et en Cisjordanie d'une trentaine d'observateurs de l'Union européenne qui se sont déployés dans les principales villes des territoires palestiniens pour surveiller le déroulement de la campagne.